Einstein et Schrödinger
Message non luPublié :lundi 1 octobre 2007 à 12:36
Un peu de lecture, un peu d'histoire, un peu de philosophie, un peu de physique, un peu de symbolisme :
Source : Sciences et Avenir
numéro hors série sur la physique quantique N° 148 - octobre-novembre 2006
Interview de Michel Bitbol,
spécialiste de philosophie de la physique quantique
Directeur de Recherche au CNRS
Auteur de nombreux ouvrages
dont "Mécanique quantique - une introduction philosophique" paru à Champs/Flammarion en 2003
Question :
Comment est né le Paradoxe du Chat de Schrödinger ?
Et, quel statut le physicien-philosophe autrichien accordait il à cet argument ?
Y voyait il un problème de physique ou un problème philosophique ?
"Schrödinger a formulé pour la première fois le paradoxe du chat en juillet-août 1935, dans une lettre à Einstein et dans un brouillon d'article paru finalement en novembre 1935.
Son objectif était de revoir sous un angle neuf une thèse qui venait d'être solidement argumentée dans le célèbre article d' Einstein, Podolsky et Rosen.
La thèse porte sur la fonction d'onde, curieuse entité mathématique qui a la forme d'une onde et ne permet de calculer que des probabilités.
Elle énonce que si on comprend la fonction d'onde comme une description de la réalité, en disant par exemple qu'elle dénote l'"état" réel des particules, cette description doit être incomplète.
Peut être est il admissible, commence par remarquer Schrödinger, de décrire la réalité microscopique par "un modèle flou" qui représente les atomes dans un état de superposition.
Mais, le formalisme de la mécanique quantique implique que ce flou et cette superposition se propagent de proche en proche jusqu'à des objets à grande échelle. Or, nous voyons bien que les propriétés de ces objets ne sont pas floues.
Dans la "situation parfaitement burlesque" du chat, l' état de superposition d'un atome radioactif se propage ainsi qu'à suggérer que le chat mort et le chat vivant sont "mélangés", ce que personne n'a jamais vu !
Cela suffit à Schrödinger en 1935 pour disqualifier l'idée que la fonction d'onde décrit la réalité et montrer qu'elle n'est en fait qu'un catalogue de prévisions".
Ce catalogue a d'ailleurs de curieuses propriétés, également identifiées par Schrödinger. Par exemple, la fait qu'on dispose pour un tout formé de plusieurs sous-systèmes ayant interagi, mais pas pour chaque partie ou chaque sous-système.
C'est la fâmeuse non séparabilité exprimée par l'intrication des fonctions d'onde.
Schrödinger considérait en somme son paradoxe du chat comme une expérience de pensée cruciale, destinée à jeter une lumière vive sur plusieurs problèmes d'interprétation de la mécanique quantique.
Ces problèmes se situent au contact de la physique et de la philosophie, dans ce que Schrödinger appelle les "fondements" de la théorie physique ; autrement dit dans les suppositions qu'on doit faire afin de donner sens aux symboles mathématiques de cette théorie.
Source : Sciences et Avenir
numéro hors série sur la physique quantique N° 148 - octobre-novembre 2006
Interview de Michel Bitbol,
spécialiste de philosophie de la physique quantique
Directeur de Recherche au CNRS
Auteur de nombreux ouvrages
dont "Mécanique quantique - une introduction philosophique" paru à Champs/Flammarion en 2003
Question :
Comment est né le Paradoxe du Chat de Schrödinger ?
Et, quel statut le physicien-philosophe autrichien accordait il à cet argument ?
Y voyait il un problème de physique ou un problème philosophique ?
"Schrödinger a formulé pour la première fois le paradoxe du chat en juillet-août 1935, dans une lettre à Einstein et dans un brouillon d'article paru finalement en novembre 1935.
Son objectif était de revoir sous un angle neuf une thèse qui venait d'être solidement argumentée dans le célèbre article d' Einstein, Podolsky et Rosen.
La thèse porte sur la fonction d'onde, curieuse entité mathématique qui a la forme d'une onde et ne permet de calculer que des probabilités.
Elle énonce que si on comprend la fonction d'onde comme une description de la réalité, en disant par exemple qu'elle dénote l'"état" réel des particules, cette description doit être incomplète.
Peut être est il admissible, commence par remarquer Schrödinger, de décrire la réalité microscopique par "un modèle flou" qui représente les atomes dans un état de superposition.
Mais, le formalisme de la mécanique quantique implique que ce flou et cette superposition se propagent de proche en proche jusqu'à des objets à grande échelle. Or, nous voyons bien que les propriétés de ces objets ne sont pas floues.
Dans la "situation parfaitement burlesque" du chat, l' état de superposition d'un atome radioactif se propage ainsi qu'à suggérer que le chat mort et le chat vivant sont "mélangés", ce que personne n'a jamais vu !
Cela suffit à Schrödinger en 1935 pour disqualifier l'idée que la fonction d'onde décrit la réalité et montrer qu'elle n'est en fait qu'un catalogue de prévisions".
Ce catalogue a d'ailleurs de curieuses propriétés, également identifiées par Schrödinger. Par exemple, la fait qu'on dispose pour un tout formé de plusieurs sous-systèmes ayant interagi, mais pas pour chaque partie ou chaque sous-système.
C'est la fâmeuse non séparabilité exprimée par l'intrication des fonctions d'onde.
Schrödinger considérait en somme son paradoxe du chat comme une expérience de pensée cruciale, destinée à jeter une lumière vive sur plusieurs problèmes d'interprétation de la mécanique quantique.
Ces problèmes se situent au contact de la physique et de la philosophie, dans ce que Schrödinger appelle les "fondements" de la théorie physique ; autrement dit dans les suppositions qu'on doit faire afin de donner sens aux symboles mathématiques de cette théorie.