Quand Newton a reçu sa pomme sur la tête, il s'est dit qu'elle était attirée vers le sol, par la Terre. Et si, au contraire, elle avait été poussée par une force cosmique côté ciel ?
L'image d'Einstein qui s'est transmise jusqu'à nos jours est quant à elle celle d'une boule de bowling posée sur un trampoline. Einstein aimait beaucoup illustrer ses théories avec des images, il trouvait ça très important, surtout quand il était jeune : dans les trente dernières années de sa vie il a travaillé sur une théorie du champ unifié, et c'était beaucoup plus abstrait, moins imagé et... pas très fécond. (Au fait, pourquoi parler de "petit vieux" alors qu'il avait entre vingt et trente ans quand il a proposé sa théorie de la relativité restreinte ?) Bon. Tous, sur ce forum, vous avez en tête cette image de boule posée sur un tissu tendu pour illustrer l'idée d'espace-temps qui se courbe. Eh bien moi, je vais vous proposer d'autres images. J'aime les images, et on va un peu s'amuser.
Dans l'exemple de la boule de pétanque, la force dont il est question ici serait concentrée, elle se focaliserait sur la boule comme un missile à tête chercheuse (j'aime pas trop cet image militariste un peu moche). Ou bien, disons, comme des spermatozoïdes, toujours reliés à leur émetteur par les voies des fluides spirituels vitaux, qui cibleraient un ovule (ah ! voilà, c'est mieux !
) Quand on vide une baignoire, on ne s'étonne pas, en général, que l'eau s'écoule du côté où est le trou et non pas du côté opposé. L'idée d'attraction gravitationnelle a une petite sœur très présente dans nos vies et qui peut en changer le cours :
l'attirance magnétique, parfois électrique, des hommes pour les femmes, et des femmes pour les hommes (en général...).
Mais... et si le grand jeu cosmique était plutôt celui d'une force cosmique qui pousserait les astres les uns vers les autres ? Des mariages forcés en quelque sorte.
Dans ma jeunesse, je me représentais l'Univers comme un grand élastique. La gravitation était pour moi tout simplement la propension de l'élastique à retrouver sa forme initiale. Aujourd'hui, pour me représenter cette poussée gravitationnelle, j'utilise une image assez simple. Prenons une boîte en carton cubique de 30 cm de large, ou plutôt une boîte sphérique de 40 cm de diamètre, tiens. Moins facile à fabriquer, mais plus jolie. L'intérieur de la boîte serait couvert d'une mousse sur 10 cm d'épaisseur. Plaçons un petit tuyau et gonflons un ballon de baudruche à l'intérieur de notre boîte. La mousse va automatiquement opposer une résistance, et le gonflement du ballon sera contrarié, et rendu de plus en plus difficile.
Pareillement, on peut imaginer que l'Univers ne peut pas prendre indéfiniment de l'expansion, parce que quelque chose d'immense, d'indéfinissable, le retient autour de lui : le néant, l'infini, autre chose ?
Et nous (et les astres) ressentons cette résistance sous forme de poussée. Mais nous avons jusqu'à maintenant interprétée de travers cette poussée en croyant que c'était une attraction.
Allez, une dernière image.
Edji fait une bise à sa belle-mère
(à supposer qu'il en ait une : sa belle-mère est en effet pour ma conscience - mes neurones mémoire diriez-vous - dans une superposition de deux états, existante et non-existante, similaire au double état "mort et vivant" du chat de Schrödinger). On pourrait croire que c'est par attraction affective, par connexion de fluide vital. Eh bien non, c'est Bongo qui poussait Edji, et Mimata qui poussait la belle-mère, par derrière, pour faire une blague.
Dernière remarque : oui, je sais, on a envoyé des fusées et des sondes dans l'espace. Oui, je sais, on connaît le rapport proportionnel direct entre la masse d'une planète et la force gravitationnelle qu'elle va exercer sur les objets. Mais les exemples sont innombrables de choses que les humains savent faire sans comprendre forcément la cause ultime. Je suis assez sûr que la gravitation peut être en réalité une poussée et ça n'a pas empêché l'homme, qui croyait que c'était une attraction, d'utiliser cette force pour envoyer des fusées et des sondes tourner autour de notre planète et des autres. La gravitation reste d'ailleurs, quoi qu'on en dise, assez mystérieuse. Impossible à marier avec les autres forces, cumulative, agissant au niveau macroscopique uniquement. J'ai vaguement lu ou entendu parler (notamment par une personne de ma famille qui a réussi l'exploit de se faire embaucher par la NASA) tantôt d'une particule, le graviton, mystérieux, invisible et sans poids, agissant instantanément, tantôt d'ondes, les ondes "gravitationnelles" (bon sang mais c'est bien sûr...). Bref, le flou artistique général.
Allez, une dernière précision puisque Bongo semble être parti en voyage. Il y a une idée d'ombre dans mon texte. Vous savez, les ondes EM (électromagnétiques), elles sont arrêtées après une certaine épaisseur de matière. Les ondes des antennes-relais de téléphonie mobile ne traversent pas les montagnes, heureusement pour les personnes EHS (électrohypersensibles) ! Eh bien la poussée gravitationnelle serait elle aussi stoppée par une grande quantité de matière, de sorte que les astres se ferait "de l'ombre gravitationnelle" les uns aux autres. Et nous, sur la Terre, nous ne reçevons la poussée que côté ciel, puisque côté Terre, notre planète fait écran à la poussée gravitationnelle provenant du côté des antipodes.
L'image utilisée dans le texte est celle d'une gigantesque sphère, disons de la taille du Soleil. Imaginons que tout la surface interne de cette sphère émette une lumière qui aurait une propriété singulière : elle pousserait la matière. Plaçons deux planètes telluriques de la taille de la Terre à l'intérieur de la sphère : la Terre et Vénus, tiens, pourquoi pas. La Terre toute seule aurait été poussée par la lumière de tous les côtés, elle serait donc restée immobile. Mais dans notre exemple, Vénus fait de l'ombre à la lumière émise par la surface interne de la grande sphère.
La Terre est donc un tout petit peu moins poussée du côté qui fait face à Vénus. Et cela suffit pour faire se déplacer la Terre, lentement mais sûrement, en direction de Vénus. Pareil pour Vénus : elle va commencer à se diriger vers la Terre. Tout observateur du phénomène se dira qu'a priori les deux planètes ont l'air de s'attirer l'une l'autre.
Or il n'en est rien : elles sont poussées de toutes parts, mais un peu moins d'un côté que de l'autre. Nous voilà avec une force plus puissante que la gravitation attractive que l'homme a cru observer, puisque l'effet gravitationnel n'est que la petite différence entre deux forces beaucoup plus grandes. Voilà une force subtile qui aurait présidé à la formation de notre système solaire, une force bien moins grossière et moins immédiate que le magnétisme : heureusement que la Terre et le Soleil ne s'attirent pas l'un l'autre de façon aussi puissante que deux aimants !!!
Voilà. Je dégrossis le terrain. Je jette ma bouteille discrète dans l'océan des millénaires et dans les vents d'été. Je profite des "grandes vacances" pour lancer ce grand chantier. A partir du 1er septembre, vous ne verrez plus trop de rayon de soleil sur le joli fond noir de Planète Astronomie (un monde en soi, que dis-je un monde, une galaxie !).