• Vénus a-t-elle migré dans le système solaire il y a 10 000 ans ?

  • Comment se déplacent les planètes, satellites étoiles, galaxies et vaisseaux ou sondes dans l'espace ? La mécanique céleste vous intrigue, posez vos questions ici.
Comment se déplacent les planètes, satellites étoiles, galaxies et vaisseaux ou sondes dans l'espace ? La mécanique céleste vous intrigue, posez vos questions ici.
 #10798  par Rayon de soleil
 
Tu as écrit : "Pour Vénus, sa composition est conforme à son lieu de formation, entre la Terre et Mercure. Elle n'a par exemple rien à voir avec la composition de Jupiter par exemple, ou de Saturne."

Si je résume, tu m'expliques que Vénus est un astre rocheux, et que les quatre premières planètes du système solaire sont dites rocheuses, et les quatre autres gazeuses, donc que Vénus n'a pu être formée que dans la "zone rocheuse". Ai-je bien compris ?
 #10802  par MIMATA
 
Presque, il s'agit de planètes telluriques, c'est à dire comparable à la Terre, c'est à dire composées de matériaux qui ont re-fusionnés pour ensuite se re-répartir différemment, on parle de planètes différenciées.
Mais il faut préciser que nous parlons des planètes ici or les géantes gazeuses possèdent aussi des satellites rocheux qui pour certains sont aussi différenciés ou au moins partiellement différenciés, mais leur composition est très différentes des planètes dites telluriques.

Les planètes telluriques sont des corps différenciés formés à partir d'éléments plus lourd que ceux des planètes externes. Leur composition est comparable à celle de la Terre et les matériaux qu'on y retrouve sont aussi similaire.

Les planètes externes comportent elles aussi de très nombreux satellites rocheux mais peu d'entre eux sont différenciés, certains le sont partiellement, d'autres complètement, mais la plupart ne le sont pas. :!

Voici un petit topo sur la formation de la Terre (valable pour toutes les planètes telluriques sauf le dernier paragraphe)

Formation de la terre

Cette phase recouvre la transformation de la nébuleuse primitive en un système solaire complet. Ses grandes phases sont les suivantes :
- il y a 4 550 Ma, la nébuleuse primitive commence son effondrement sur elle même. Cet effondrement n'est vraisemblablement pas spontané, sans quoi la galaxie serait dépourvue de nébuleuses. C'est pourquoi il est supposé qu'une supernova, explosant dans un voisinage compté en années-lumière voire en dizaines d'années-lumière, a provoqué cet effondrement ;
- l'effondrement passe par le stade de globule de Bok, avant de prendre une forme de disque renflé en son centre, lequel contient l'essentiel de la masse de la nébuleuse d'origine et est essentiellement constitué d'hydrogène. Par simple contraction, sa température augmente. Ce genre de nuage est le plus visible aujourd'hui en infrarouge ;
- la masse du nuage est suffisante pour que sa température au centre dépasse, avec sa pression, les conditions nécessaires pour démarrer la fusion de l'hydrogène. Cela se traduit par un million d'années d'une intense activité solaire. Beaucoup de matière est projetée au loin, en deux jets perpendiculaires au plan du disque : c'est le stade des objets d'Herbig-Haro ;
- cette activité souffle les matériaux légers (hydrogène, hélium, eau, ammoniaque, etc.) loin du Soleil. Le système solaire est séparé en une partie interne, riche en matériaux réfractaires comme la silice et le fer, et en une partie externe, qui s'enrichit en éléments légers ;
- cet enrichissement a permis la formation initiale de Jupiter, située juste hors de la zone riche en éléments réfractaires (4 ua). Cette première planète a localement perturbé le disque protoplanétaire ;
- durant la phase Herbig-Haro, le disque a concentré des particules de poussière de compositions différentes. Leur agrégation donne des grains de plus en plus gros, jusqu'à la formation de météoroïdes et de planétésimaux ;
- finalement, les planétésimaux terminent l'accrétion des planètes par des collisions entre eux. Des corps de dimension planétaire donnent naissance à la Lune par collision tangentielle avec la proto-Terre, arrachent la croûte de Mercure et changent le sens de rotation de Vénus. Les planètes actuelles sont en place. Elles sont accompagnées d'un grand nombre de météorites.
La gravitation a fait tomber ces derniers sur les planètes. La Lune en a gardé la trace et sert de référence pour considérer que le bombardement a duré durant toute la seconde phase de l'Hadéen. Nous sommes alors à 4 500 Ma dans le passé. En 100 Ma, le nuage primordial est devenu un système solaire très jeune, dont la Terre fait partie. Cependant, elle n'est pas stabilisée.

Stabilisation de la Terre

À -4 500 Ma, le dégazage des roches commence et forme l'atmosphère initiale, dite primitive. Compte tenu du rayonnement du soleil à ce stade de sa vie (un peu plus de 70 % de la valeur actuelle), et sur la base d'une atmosphère primitive comparable à l'atmosphère actuelle, la Terre aurait été gelée avec une température de surface proche de -20 °C. Cependant, un fort effet de serre est attesté, imputable à la composition différente de l'atmosphère primitive : elle contenait vraisemblablement de grande quantité de gaz à effet de serre (CO2, vapeur d'eau…). D'après les gaz contenus aujourd'hui dans les volcans, on pense à une répartition entre les éléments majoritaires suivants : CO2, CO, N2, H2 et HCl. Un enrichissement en eau par un bombardement météoritique plutôt que cométaire est supposé, cela étant attesté par le rapport deutérium/hydrogène des roches météoritiques qui se rapproche le plus, voire est identique à celui de nos océans actuels. Petit à petit, l'atmosphère se refroidit suffisamment pour que l'eau qu'elle contient tombe en pluie. Après cette séparation, la pression atmosphérique devait être proche de 20 MPa, ou 200 bars. Les océans ont donc commencé à se former dès que la température de surface est devenue inférieure à la température critique de l'eau (374,2 °C — dans le cas où la pression atmosphérique était supérieure la pression critique de l'eau égale à 225 bars), mais plus probablement en dessous de 350 °C. Cette opération était terminée à -4 300 Ma.

À -4 400 Ma, la première croûte et le noyau se forment. Selon la composition de la croûte océanique actuelle, ce devait être une croûte basaltique. La croûte continentale est apparue plus tard par différenciations successives. Les bombardements météoritiques ont refondu plusieurs fois cette croûte solide. En même temps, le noyau s'est formé. Lorsque le planétésimal qui deviendra la Terre passe une masse critique, les éléments radioactifs, plus abondants et nombreux qu'aujourd'hui, se mettent à réchauffer ce corps. Le fer est l'élément le plus dense parmi les éléments abondants. Sous l'effet de la chaleur, il s'est mis à former des gouttelettes de métal fondu qui se sont dirigées vers le centre. Lente au début, cette opération s'est ensuite suffisamment accélérée pour que certains parlent de catastrophe du fer. La graine du noyau terrestre s'est alors formée.

À -4 300 Ma, l'atmosphère et les océans sont formés. Grâce à la présence d'eau liquide en grandes quantités, la tectonique des plaques a alors pu démarrer. Elle devait comporter plus de plaques qu'actuellement car la croûte était plus fine et la chaleur disponible plus grande. La tectonique des plaques a permis de démarrer la différenciation des croûtes continentale et océanique. La présence d'eau dans les magmas basaltiques a fait apparaître des roches de type granitique. L'eau de surface a fait aussi apparaître des sédiments détritiques et une différenciation chimique associée. Cela a fait naître des roches d'une densité inférieure à celle des roches basiques. Elles sont restées en surface. Ces paquets de roches se sont regroupés en proto-continents par collisions.
Les conditions nécessaires à l'apparition de la vie sont alors réunies. Lorsque cette dernière apparaît, l'Hadéen est terminé.

Source


Donc oui, Vénus s'est formée dans le système interne, comme les autres planètes telluriques.