• L'univers du père Uranus

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Dans cette rubrique, vous pouvez parler de n'importe quoi et de ce qui ne se rapporte pas à l'astro ou aux sciences
 #33818  par pere uranus
 
BAR DE L’UNIVERS OU LES BONNES
HISTOIRES DU PERE URANUS

XXIV EPISODE
OUI ! DE LA VIE SUR MARS

Toulouse – Lundi – 17h

- Mes chers amis, Vendredi je vous ai lâchement abandonnés sur une falaise de Mars.
Merci de m’y avoir attendu.
Nous voilà donc partis, Alexandre, Martial et moi-même à bicyclette sur les pentes martiennes.
Je suivais Alexandre dont l’arbuste attaché sur le porte-bagages du cycle accroissait un peu plus l’irréel de la situation.
Le chemin emprunté était beaucoup plus sinueux et accidenté que je ne l’avais supposé. Je prenais garde à ne pas me laisser emporter par le dénivelé. Heureusement au retour nous bénéficierons de sacoches vides.
Le sol était principalement constitué de sable gras, ocre, ainsi que de nombreux rochers émoussés, par autrefois le ravinement de l’eau et aujourd’hui l’érosion éolienne d’un vent martien périodique très important, baptisé par Alexandre Marstril, soufflant entre 150 et 250 km/h, qu’il faut bien entendu relativiser avec une atmosphère de 6 gr/cm²

M’interrogeant sur les possibles déboires de cette excursion, je leur demandai :
- Alexandre, qu’avez-vous prévu en cas de crevaison ?

- Le compresseur du pied droit est pourvu d’une sortie additionnelle diffusant un produit anti crevaison.

Je restais émerveillé devant tant de sécurité.
Lors d’une brève ligne droite, je levais furtivement les yeux vers ce ciel si clair à l’horizon alors qu’il était plus sombre en aplomb, (authentique) phénomène typiquement martien.
Malgré tout, mes attaches terriennes me titillaient et questionnai Alexandre :

- Dans quelle direction se situe la terre ?

S’aidant du soleil, il réfléchit. Pointant son doigt à 11 h :

- Par ici !

- Peut-on se diriger grâce à une boussole ?

- Non ! Mars n’a plus d’activité magnétique. Malgré son noyau toujours ferreux, elle ne bénéficie plus de protection contre les éruptions solaires comme la terre, ses couches géologiques s’étant refroidies et solidifiées.
La terra formation de Mars devra se terminer par une protection des rayons cosmiques à l’instar du bouclier terrestre.


- Je vous ai déjà parlé de ce bouclier qui doit son fonctionnement à du fer solide mobile dans du fer liquide, le principe de la plus simple dynamo.
Ici, la planète s’étant refroidie, les couches géologiques de fer se sont solidifiées. Ce mécanisme fonctionnait d’ailleurs à l’inverse de celui de la terre. La planète étant plus petite, la pression interne était inférieure à la nôtre et la graine de fer interne restait à l’état liquide alors que le manteau ferreux qui l’entourait était à l’état solide.

Le plateau vide à la main Pierre Olive apostrophe notre homme :
- Et vous père Uranus, bénéficiez-vous de protection contre les éruptions solaires dans votre scaphandre ?

- Oui, d’une protection statique par réfléchissement des rayons sur trois couches de matière réfléchissante métallique. En revanche la navette était pourvue d’une protection plus sophistiquée.
Elle émettait en permanence un champ magnétique de l’avant vers l’arrière repoussant ces rayons mortels.
Toujours est-il qu’à chaque sortie de la navette nous connaissions la météo solaire, les éruptions, via « radio Nasa »
Revenons si vous le voulez bien à notre petite excursion.
Alexandre m’expliquait donc le fonctionnement de cette planète. J’étais, il me semble, dans un état second et respirais à pleins poumons ce gaz issu de l’eau comme s’il provenait de cette planète rose aux effets encore inconnus et inattendus, dont le premier symptôme était l’euphorie due peut-être à un excès d’oxygène.
Après une descente d’environ 1 km pour un dénivelé d’au moins 200 mètres, nous arrivâmes au confluant de deux rivières. Alexandre nous indiqua :

-Nous allons planter Résistus ici. Il sera à l’abri du vent et du froid par la falaise et bénéficiera de l’ensoleillement idéal pour restituer plus tard notre oxygène.

Nous mîmes « pied à Mars » en appuyant nos VTT contre un rocher et munis de pelles entreprîmes le terrassement. Ce n’était guère ardu, à part quelques rochers, il n’y avait que ce sable onctueux.
Cela dit, forer un trou dans du sable nécessite de creuser beaucoup plus que nécessaire à cause des retombées.
De surcroit, il fallait également préparer à côté un autre trou plus profond pour enfouir les cubitainers et les recouvrir d’une épaisse couche d’agrégats, de façon à créer sur eux une pression suffisante et constante pour alimenter l’arbuste en eau à travers un cathéter réglable.
Cette eau, une fois arrivée aux racines se gazéifiera et humidifiera le terreau.
Le lit de Photus évidé, nous l’installâmes sur sa litière manufacturée dans l’espace que nous mélangeâmes au sable martien, histoire de l’habituer à la nourriture du pays.
L’eau s’écoulait et se gazéifiait parfaitement sous la pression du sable.
Photus Résistus avait l’air ravi !!!
Martial mit une dernière touche en le reliant au tuteur à l’aide d’un lien élastique.
De trois pas en arrière, nous admirâmes notre œuvre riche en conséquence pour l’avenir de cette planète et du système solaire qui disposera désormais de 2 planètes habitables pour l’homme.

- La réserve d’eau, me dit Martial, doit logiquement suffire pour 2 mois. Je reviendrai l’approvisionner, ce n’est qu’une expérience. S’il tient le coup, nous envisagerons un autre système d’arrosage.

Pierre Olive interpelle le père Uranus :
- Il doit falloir posséder une fibre jardiniesque hors du commun pour aller sur Mars arroser sa plantation. Rendez-vous compte du coût de l’opération ? ! ? !

- A part le temps passé, pas un Kopeck ne sera dilapidé. Le photon est gratuit à l’heure actuelle, mon p’tit Olive, si tu veux bien me laisser poursuivre……
Nous étions tous babas devant notre bébé Photus quand soudain se produisit un phénomène pourtant classique sur terre, qui néanmoins ici, restait surprenant bien que logique quand on songe au terrible Marstril : les feuilles bougeaient, frissonnaient, bruissaient, nous entendions le son de la brise dans le feuillage. C’était aussi beau qu’une musique douce !

- Nous avons bien travaillé, nous félicita Alexandre et méritons un bon bain dans cet océan calme et reposant. Je vous offre une balade en mer sur VTT sous d’anciens flots bleus, qu’en dites-vous ?

- OK !

- Et nous revoilà chevauchant nos bécanes, cette fois plus légères, descendant le confluent jusqu’à l’océan. Nous dévalions cet immense delta, zigzaguant entre les rochers, tout en admirant cette vaste étendue certainement recouverte d’un océan plus calme que les nôtres, si l’on tient compte de l’absence d’un satellite conséquent comme la Lune, ou alors plus agité si l’on évoque Marsipus et les vents martiens très violents à l’époque d’une atmosphère prépondérante.
Le relief devenait de plus en plus régulier, absent de rochers.
Une pointe de vitesse s’imposait.
Martial pédalant devant, s’époumona tout en freinant :
-Attention !! Ralentissez !!
Voyez cette cuvette ? C’est probablement un cratère de météorite !!


En effet, admiratifs du ciel martien, nous avons failli tomber dans ce petit cirque de 6 mètres de diamètre et 2 de profondeur.
Martial interrogea Alexandre :
- Crois-tu que la météorite soit au fond ?

- Ce n’est pas systématique. Il se peut qu’elle ait été détruite, brûlée par l’ancienne atmosphère de Mars avant d’atteindre le sol. Néanmoins son onde de choc a causé les mêmes dégâts, créant ce cratère.


Martial en éclaireur découvrit un passage à la déclivité plus faible.

- Suivez-moi…… Le sol est lisse et dur comme si le sable avait été cristallisé.

Alexandre : - Il serait intéressant de creuser un peu, nous avons les outils nécessaires.

Je regardais, ahuri, le fond de l’excavation. Empruntant les outils ayant servi à planter Résistus, nous nous mîmes à creuser comme des terrassiers avant l’arrivée de la pelle hydraulique.
Contrairement à son aspect, le sol était tendre et friable. Je redoublais d’ardeur, cette histoire de météorite m’intriguait.

Imaginez que l’on ramène de Mars un morceau d’une autre planète ! Jusqu’où cela s’arrêtera-il ? ! ?

Au bout de 10 minutes d’effort, avec ses 60 cm de profondeur, mon trou prenait de l’ampleur.
Alexandre et Martial dégageaient aussitôt les agrégats fragmentés par ma pioche.
Malgré la gêne du casque et de la combinaison, nous agissions instinctivement comme des chercheurs d’or reniflant le parfum fictif du métal jaune.
En réalité notre instinct ne nous trompait pas, un trésor était à notre portée. Les coups de pioches avaient sérieusement agrandi et approfondi l’orifice. Le sol en profondeur était toujours aussi meuble, composé de sable silicement gélifié, mélangé à quelques rochers.
Je m’attendais toujours à ce que le pic de ma pioche rebondisse sur une matière résistante voire métallique, quand soudain, j’entendis comme une fuite d’air.
Non ! Elle ne provenait pas des pneumatiques des VTT. Elle émanait bien de notre trou. Aurait-on découvert du gaz sur Mars ??? Brusquement le sable et les agrégats furent propulsés à un mètre de haut, élargissant l’orifice.

Alexandre : -Nous avons probablement crevé une poche d’eau comprimée par cet impact de météorite. Elle s’en échappe en se sublimant.

Cette vapeur d’eau se transformait aussitôt en givre. Il ne faisait pourtant pas froid.
C’était néanmoins logique ! Les gaz soumis à une dépression, à une détente, se refroidissaient instantanément.
La cavité, sous la contrainte de ce véritable geyser, s’agrandissait à vue d’œil, ce n’était plus un canon à neige mais un volcan neigeux.
Gardant son sang froid Martial se saisit d’un flacon à échantillons et le remplit de ce gaz givré.
- Ne restons pas ici ! cria Alexandre, couvrant le bruit de plus en plus assourdissant de cette source verticale inattendue.
- Plions bagages, le sol tout entier va finir par céder car les roches commencent à se détacher.
Dire que les analystes de Mars supposent son sous-sol complètement asséché à l’équateur.
Allez, vite, déguerpissons, il y a certainement danger à prolonger notre présence.


Au passage, je ramassai en souvenir un caillou triangulaire d’une dizaine de centimètres, à la
surface granuleuse, puis nous enfourchâmes nos chevaux à 2 roues et pédalâmes un maximum
vers la falaise. Sur le chemin du retour, petite halte devant notre bébé feuillu.
De là, notre œuf et la sonde étaient bien visibles. Une idée derrière la tête, Martial nous dit :

- La caméra rebranchée pourrait filmer cet arbuste.

- Le geyser également, qui plus est en gros plan avec images à haute définition.


- Une envie me démange d’effectuer un gag martien. Abandonnons l’un des vélos contre ce rocher visible d’en haut.
Les premières images de Mars transmises à la NASA seront celles d’un arbuste tuteuré et d’un vélo abandonné sur fond de fontaine vénitienne.

- Pas mal, lui dis-je, je suis volontaire pour pédaler à deux sur un engin.


- Laissez ! Martial est en pleine force de l’âge.
Je me demande si à Houston ils oseront publier ces clichés car ils démontrent une mystification, un piratage de leurs communications. Ils mettront un certain temps à analyser les photos et n’oseront même pas imaginer la réalité.


Aussitôt dit, aussitôt fait et je grimpai sur le porte bagage derrière Martial, délaissant mon véhicule contre un monticule.
Une baguette de pain, un béret et un litron de rouge délaissés avec le vélo aurait été la cerise sur ce gag et la signature française plus évidente.
Dans les parties les plus abruptes du chemin, j’aidais Martial avec mes pieds et finissais par transpirer.
A l’affut du moindre malaise, Alexandre m’indiqua :

- Augmentez la pression intérieure préréglée en tournant vers la droite la molette du détendeur située sur la chaussure droite, vous vous sentirez mieux et cela augmentera d’autant l’absorption de vapeur.

Chose étrange, mes gouttes de sueur tombaient à l’extérieur du casque !! C’est ce que je crus un moment, mais la réalité était plus simple : il pleuvait ! Il pleuvait sur Mars !!!
Arrivés en haut de la falaise, Alexandre mouillé, réfléchit :

- Il y a une logique à cela. Nous avions une pression atmosphérique d’environ 6,5 gr/cm².
Revenons à notre exploit : dans un premier temps l’eau comprimée dans les roches se libère, jaillit du sol et se sublime par manque de pression puis se transforme en givre sous l’effet de détente mais ce givre, sous une température positive, redevient vapeur d’eau. Or l’eau continue de jaillir de plus en plus, alourdissant par le fait l’atmosphère.
Non seulement l’atmosphère va dépasser le seuil critique de 7gr/cm² mais également être saturée en eau. Qu’arrive-t-il aux masses d’air saturées d’eau ? Elles se transforment souvent en pluie.
D’un coup de pioche vous avez fait pleuvoir sur Mars. La caméra de Mars Polar Lander aurait été en fonction, nous aurions été à la une de tous les canards de l’oncle SAM.


- Que va-t’il se passer maintenant ? Lui demandai-je.

- La poche d’eau va continuer à se vider si elle bénéficie toujours de la pression des roches ou du poids de ce sable, sinon elle se tarira tout simplement parce qu’elle ne pourra plus se sublimer, l’atmosphère ayant augmentée. Il faudra alors la pomper comme chez nous. Cela dit la pression locale favorisera momentanément la pluie. C’est heureux pour notre bébé planté d’une façon chronologique parfaite. Ce coup de pioche est un coup de maître qui permettra de réduire considérablement le temps de terra formation.


Le public scotché à cette terra formation en oublie de consommer. Ce n’est pas le cas du père Uranus qui repose ses notes et lève sa chope.

- Aller Maurice, au travail !

Ces consommateurs spectateurs ont véritablement besoin de souffler afin d’assimiler cette odyssée.
Maurice a finement anticipé en proposant des viennoiseries du boulanger voisin. C’est donc un authentique buffet garni qui s’installe car la charcutaille du coin n’est pas loin. Jambon et saucisson de la Montagne Noire accompagne le croissant et la cervoise.
Le public rassasié, le père Uranus poursuit :

- Bien…. Nous nous préparions à partir. Martial installa les deux VTT dans la soute et nous dit :

- Il ne me reste qu’à rebrancher l’antenne de la sonde à l’aide d’un retardateur.
Trois minutes suffisent pour l’opération et la sonde pourra émettre vers la Terre après notre départ.


Hélas, nous l’apprendrons plus tard, cette sonde n’a jamais émis. Plusieurs fois activée et réactivée de la Terre, elle resta désespérément muette.
Aujourd’hui, nous nous sentons responsables. Alexandre Fortin a promis de dédommager la NASA grâce à l’une de ses « applications » et quand on connait la valeur de ces « applications », cette compagnie sera largement dédommagée.
Bien, revenons sur Mars.
Après cette phénoménale balade, il était bon de retrouver sa chariote métallique.
Pour la première fois, nous nous aidâmes à ôter nos combinaisons mouillées.

- Dans deux ou trois mois, nous expliqua Alexandre, nous reviendrons approvisionner l’arbuste en eau et si rien de grave ne lui est arrivé, nous pourrons alors envisager une plantation irriguée à grande échelle grâce à cette nappe et l’échange gaz carbonique/oxygène sera alors amorcé.
Néanmoins je n’envisageais pas cette chronologie d’interventions et préférais d’abord construire de bonnes fondations à cette planète : remplacer son satellite initial « Marsipus » par un système équivalent au maintien de son axe sur son plan d’orbite.


Ce que m’expliqua par la suite Alexandre reste et restera pour longtemps inouï.
Permettez dit le père Uranus en levant sa chope, je prends des forces et je vous engage à faire de même, l’information passera mieux.
Le public abreuvé, le père poursuit :

- Oui….. J’ai presque honte de vous rapporter ces propos, or….

Pierre Olive : - Allez-y, père Uranus, au point où vous en êtes…..

- Oui, tu as raison…. Bien….
Alexandre, tenez-vous bien, projetait de redresser Mars de 1 à 2 degrés sur son plan d’orbite, actuellement de 24°50, de façon à avoir moins d’écart de température entre l’été et l’hiver.

Pierre Olive, en bon breton :
- Avec un cabestan ???!!!

- Non ! Ni avec un treuil !

Il envisageait simplement de positionner aux deux pôles d’immenses lentilles ferrites ancrées dans le sol, dirigées vers le soleil, qu’il aurait alimentées en électricité pendant les hivers de chaque hémisphère. Etant donné la faible alimentation en énergie sur ces lentilles, le phénomène n’aurait eu aucune incidence sur le rapprochement de Mars avec le soleil mais au contraire sur le redressement de son axe sur son plan d’orbite.
A cet instant un auditeur du fond de la salle, prof à l’université d’à côté, interrompt notre homme :

- Veuillez m’excuser mais le phénomène décrit enclenche automatiquement le mécanisme de précession, un mouvement conique de l’axe !

- En effet ! Pour éviter cette précession Alexandre envisageait également d’implanter d’autres lentilles dirigées vers d’autres astres, de façon à corriger ce mouvement.

Pierre Olive : - Je me suis toujours demandé ce que signifiait réellement « lentilles de correction », aujourd’hui je comprends. Mais de là à bouger une masse de 6 x 1020 tonnes sans support ni levier, c’est un tour de force !

- Notre cerveau est supérieur à nos biceps pour accomplir des tâches réputées irréalisables.

- Effectivement. Au fait si l’on prolonge cette théorie de correction d’inclinaison, en forçant un peu sur l’alimentation en photons, nous arriverions fatalement à un changement d’orbite et pourquoi pas à transformer la planète toute entière en vaisseau spatial, tel votre œuf évoluant à sa guise dans tout l’univers. Fini les sondes spatiales, les navettes, les orbiters.
Nous souhaitons examiner de près le système planétaire des Sœurs Sirius, allons-y, non pas en module, mais avec la Terre toute entière, restant bien au chaud chez soi, les pieds rôtis par un feu de bois !

- Tu as absolument raison, en théorie c’est inattaquable, en revanche irréalisable.

- Ah ! Pourquoi ?

- Les lentilles ne tiendraient pas la charge. Rends-toi compte des fores nécessaires à déplacer de telles masses, la céramique se briserait, exploserait. De telles quantités de matière à déplacer ne peuvent être comparées à la masse d’un véhicule spatial.

- Alexandre Fortin envisageait bien de « remuer » Mars ?

- Oui, mais de façon progressive, en pratiquant par petites étapes, avec un procédé étalé sur plusieurs années martiennes.

- Il supposait bien la capture de la lune et sa mise en orbite autour de la Terre par une entité quelconque ! Leur prêtait-il un système de déplacement analogue ?

- Certainement, mais laissez faire le temps et évoluer les techniques :
Pour l’instant le déplacement des planètes n’est pas à l’ordre du jour !
Bien, revenons sur Mars. Une fois cette planète redressée, les lentilles polaires resteraient en sommeil prêtes à corriger une nouvelle inclinaison de l’axe martien.
Tu as raison, Pierre Olive, en parlant de lentilles de correction !

Le temps qu’Alexandre s’installe aux commandes et choisisse une direction bien précise dans l’univers, j’examinais la pierre recueillie lors de notre forage.

Pierre Olive, soucieux de la contamination bactérienne :
- Avez-vous mis les objets récoltés en quarantaine ?

- Non, Alexandre avait posé le pour et le contre. Il estimait que si des bactéries inconnues avaient pu résister à de telles températures bombardées par les rayons de tout l’alphabet pendant des millions d’années, elles pouvaient bien rester inertes et passer inaperçues pendant plusieurs décennies.
La quarantaine ne servirait pas à grand-chose. « Nous sommes des pionniers » disait-il, « nous prenons fatalement des risques. A l’inverse, nous apportons également des germes sur les astres visités, néanmoins je ne pense pas qu’ils résistent longtemps à la visite. »

Si Pierre Olive veut bien me laisser poursuivre…….
Martial me dénicha une loupe et je pus examiner ma trouvaille. L’une des faces de cette roche, probablement celle en contact avec l’eau ou l’humidité, était constellée de minuscules stalactites.

Voyant cela, Martial m’apporta quelques outils et un microscope. Je pus détacher quelques stalactites que je fracturai et les exposai sous les lentilles du microscope.
Dans le doute, je fis appel à Alexandre Fortin qui confirma ma première impression.
C’était bien des Mycéliums primaires, autrement dit des champignons. Les gangues qui les enfermaient, les fameuses stalactites, étaient tout simplement des spores les protégeant.

Un murmure du public.

- Il y a donc de la vie sur Mars ?

- Oui ! Ou un vestige de vie, car les champignons sont ainsi conçus qu’ils savent parfaitement se protéger contre les attaques microbiennes, chimiques et atomiques. Leurs spores permettent de conserver la vie à l’abri durant des cataclysmes planétaires. C’était peut-être l’unique témoignage d’une ancienne vie martienne. Martial enferma ensuite cette inestimable pierre dans un placard contenant, à l’égal d’un coffre-fort, ce qu’il y a de plus précieux dans l’espace pour un terrien :
Les épices ! Poivre, sel, ail, noix de muscade, thym, romarin, ciboulette et toutes sortes de plantes aromatiques indispensables à l’homme en balade dans l’univers.

Voilà, mes chers amis comment s’est terminée cette escapade martienne : par la découverte
de la vie sur Mars !!!
 #34351  par pere uranus
 
Bonjour à tous,

L'exploration spatiale, en dehors des systèmes stellaires à des vitesses supraluminiques, nous réserve certainement de nombreux problèmes dont l'un, dans cet épisode, est tout à fait inattendu, attendu qu'il reste le même inconvénient majoritairement rencontré sur nos automobiles à des vitesses inférieures. Y-20

BAR DE L’UNIVERS OU LES BONNES HISTOIRES DU PERE URANUS

CONJUGAISON DE TEMPS
XXV EPISODE
FUTUR - PRESENT ou PASSE ?

Toulouse – Mardi – 17 h 45 –

- Mes chers amis, bonsoir !
Veuillez me pardonner ces minutes de retard, j’étais retenu par quelques scientifiques curieux de connaitre l’espèce de champignon primaire qui s’est développé sur Mars.
Bien…. Revenons à notre étrange odyssée. Nous étions prêts à quitter cette planète.

Alexandre, très en verve :
- Je tiens à vous faire découvrir un phénomène tout à fait naturel, néanmoins assimilable à de la science fiction. Vous allez assister à un véritable spectacle dont vous connaissez le scénario par cœur depuis des années.

- Ah ???

- J’abuse peut-être de votre temps ?

- Oh là, j’ai appris avec vous que le temps est une notion très relative, compressible à souhait !


- Oui, ainsi qu’extensible à l’infini.
Nous allons précisément mettre en exergue l’extension du temps en nous rendant de surcroît sur une planète de la constellation du Temps Perdu.

- La constellation de l’Horloge ?

- Non, une autre.
Je l’ai baptisée ainsi pour ses 9 étoiles disposées à l’image des heures sur un cadran solaire où il manquerait malgré tout le 10 et le 2.

Nous nous poserons sur la planète LIPPE appartenant au système de l’étoile ROLLIXE à
environ 200 années lumière de notre soleil.

- Bigre !!! N’est-ce pas trop loin ? N’allons-nous pas nous perdre dans toutes ces étoiles ?

- Rassurez-vous, j’ai établi une carte du ciel, une carte routière à trois dimensions, très utile pour retrouver son chemin. En outre, nous avons notre télescope arrière constamment dirigé vers la Terre.
C’est notre câble de sécurité, notre « fil d’Ariane », « les cailloux du Petit Poucet ».


DIRECTION LIPE

Alexandre : -Je reviens aux abords de la Terre de façon à mieux m’orienter.

Par le hublot arrière, je jetais un dernier coup d’œil à cette planète et contemplais la sonde Mars Polar Lander aux formes si alambiquées mais ma dernière vision sera pour notre arbrisseau
et le VTT abandonné, espérant qu’à la NASA l’humour soit « UNIVER SEL »
Nous ne l’apercevions déjà plus et Mars rapetissait rapidement à ne plus être visible à l’œil nu.

Alexandre : - Nous arrivons aux abords de la planète bleue.

- Quelle rapidité !


Nous nous situions entre la Terre et la Lune quand Martial précisa :

- Tiens ! Il est 17h35 au méridien de Greenwich !

- Comment le sais-tu ? Le questionnai-je.

- Grâce à un stage de survie où j’ai appris à connaître l’heure en l’absence de soleil.

- Ah !

- Il faut pratiquer de la sorte :

1) Bien tendre le bras gauche en avant de façon à dégager le poignet.
2) Ramener vivement cet avant bras sur le thorax de manière à pouvoir lire l’heure à sa
Toquante !!!

- Pas mal le stage de survie !


- Ce Martial me fait penser à toi, Pierre Olive !

- Très honoré père Uranus.

- Toujours épris de curiosité jusqu’au moindre détail, je questionnais Alexandre :

- A combien estimez-vous le trajet Terre/Lippe, aller-retour, arrêt compris ?

- Le temps du trajet ne compte guère. La recherche de la planète, l’arrêt sur celle-ci, notre bavardage et le spectacle qui nous attend risque de s’étaler sur un fuseau horaire terrestre, peut-être plus.

- 400 années lumière en moins de deux heures excursion comprise ! C’est de la compression temporelle !

- Oui. La notion de temps est complètement à revoir !!
En attendant nous sommes en train de quitter le système solaire.


Tout était tellement nouveau depuis ce matin que cela ne me fit ni chaud ni froid. En revanche ce fut le contraire pour Alexandre et Martial qui ouvrirent une bonne bouteille de Bordeaux.

- C’est un rite me dit-il, comme les marins au passage de l’équateur. Pour nous, c’est plus un symbole voué à la gastronomie terrestre, la plus riche de tout l’univers. A la bonne vôtre !!!

Regagnant son écran, Alexandre se guidait grâce à sa cartographie personnelle en 3 D.
Ayant reconnu Rollixe par sa position et principalement pour sa luminosité spécifique que possède chaque étoile, il repéra rapidement l’une de ses planètes et mit le cap dessus.

- A quoi ressemble la planète Lippe, lui demandai-je ?

- C’est une planète tellurique de 15000 km de diamètre, 4,5 de densité, plus grosse et moins dense que la terre, d’une gravité sensiblement semblable. Nous pèserons un peu plus que chez nous avec nos scaphandres. En revanche, son atmosphère est composée d’azote à 60%, gaz carbonique 20%,
Hélium 9% et très important Deutérium également à 9%, gaz rares et traces d’oxygène, vapeur d’eau sous une pression atmosphérique de 650 gr/cm².
Son relief est assez diversifié, entre + 7000 et – 6000 mètres, aride et rocailleux, bombardé de quelques météorites et parfois d’astéroïdes. De nombreux volcans sont encore en activité, ce qui change parfois la constitution de l’atmosphère, augmentant la teneur en soufre.

La température au sol est comprise entre + 15° et + 90° due à la promiscuité de son étoile, plus grosse et plus chaude que le soleil.

- Pas d’eau en sous-sol ?

- Si, des lacs souterrains car l’eau en surface a tendance à s’évaporer rapidement, se transformant en pluie s’infiltrant dans le sol, alimentant de magnifiques lacs éclairés.

- Eclairés ?


- Oui, éclairés d’une étrange façon par Rollixe. Le sol de Lippe est assez cristallin, la lumière ricoche sur ces cristaux et arrive jusqu’aux grottes, traversant parfois d’épaisses couches lippiennes.
Je dois également vous mettre en garde contre Rollixe, ne la regardez jamais directement, baissez toujours la tête car malgré la protection insérée dans la visière, cette étoile est beaucoup plus dangereuse que notre soleil. Qui plus est, Lippe ne dispose pas de toutes les protections terriennes contres les rayons stellaires.
Bien, maintenant il me reste à aborder Lippe.
- Quelle est sa révolution autour de son étoile ?

- 300 jours terriens, soit 10 mois environ, axe penché à 25° sur son plan d’orbite très peu elliptique.
Elle est reconnaissable à ses 3 satellites plus petits que notre Lune, néanmoins suffisants pour maintenir son inclinaison.


Nous nous en approchâmes rapidement puis Alexandre ralentit à son abord.

- Regardez, il y a un énorme nuage, c’est un volcan en activité, il crache les entrailles de Lippe en alourdissant son atmosphère et surtout en la rafraichissant. Les scories et diverses poussières issues du cratère protègent le sol des infra rouge de Rollixe et par la même abaissent la température ambiante. Une arme contre le réchauffement de la planète !

Alexandre recherchait un emplacement en fonction de je ne sais quel critère.
Puis, à l’opposé du nuage volcanique :

- Voici ! Ici nous serons bien orientés pendant au moins une heure, il faudra néanmoins faire vite.

- Ah ?


La navette toucha la planète d’une manière toujours aussi douce et précise. Alexandre me posa alors une question surprenante :

- Avez-vous fait bon voyage ? N’avez-vous pas été trop secoué ?

- Pas le moins du « monde ». Seule la différence de pesanteur due à l’attirance de telle ou telle planète a été perceptible. Vu l’écrasement de mon siège, je dois actuellement peser mon poids sur terre.

- Exact. Vous venez d’effectuer en quelques secondes un voyage de quelques 200 années lumière dans un confort parfait.


Où voulait-il en venir ?

- Il n’en a pas été de même lors de notre première sortie hors du système solaire. La navette a été subitement prise d’un énorme tremblement, impossible à enrayer, une sorte de shimmy démesuré. Nous nous sommes aussitôt arrêtés et avons rebroussé chemin à petite vitesse. Puis je me suis penché sur le problème, c’était notre vitesse excessive la responsable ! Voici pourquoi : quand nous nous déplaçons sur une courte distance, comme vers Mars, le trajet représente non pas une droite mais une faible courbe, imperceptible à la conduite.

- Quelle est donc la différence avec un voyage aussi lointain ?

- Le temps ! Quand nous choisissons une planète située à 200 années lumière ayant une révolution autour de son étoile équivalente à 10 mois, entre notre départ et notre arrivée c'est-à-dire quelques secondes, cette planète aura accompli 240 révolutions autour de Rollixe, si bien que le module solidaire du télescope effectuera 240 changements de direction pour suivre cette planète.
C’est ce qui agita notre véhicule d’une façon si préoccupante.


Je résolus le problème en désolidarisant le télescope du véhicule, le rendant mobile sur son axe.
Le télescope principal dirigé vers la planète est toujours animé du même mouvement zig zag dont l’angle augmente vers la fin du voyage, en revanche la navette n’épouse plus ce va et vient désagréable et se déplace sur la bissectrice de l’angle formé par les deux tangentes à l’orbite de la planète abordée.

Pierre Olive : - Hou là ! Père Uranus, nous sommes en pleine géométrie dans l’espace.

- Oh ! Pierre Olive, ne fait pas semblant de ne pas comprendre. Il n’y a rien de plus simple.

Le père Uranus se lève soudain, se saisit du présentoir du menu du jour, l’efface pour y schématiser son propos.

- Vous naviguiez donc en direction de l’étoile ?

- Exactement, sans pour autant bénéficier de son attraction. La fin du voyage s’effectua bien entendu pendant la dernière révolution de la planète, sur une courbe analogue à une approche de Mars.

- C’est bien joli tout ça mais les étoiles aussi évoluent sur une orbite !

- Exact ! Autour du centre galactique, un important trou noir. Notre bissectrice est tout simplement une courbe proportionnelle à l’orbite de l’étoile autour de son centre galactique.

- Qu’arriverait-il si vous voguiez vers une planète ou une étoile disparue depuis plusieurs années ?

- C’est un cas de figure assez fréquent. Prenons l’exemple d’une planète située à 600 années lumière, ayant disparue il y a 120 000 ans : son image nous parviendra encore pendant 480 années.

Nous pouvons toujours nous diriger vers elle car les photons existent encore, cependant arrivés à
120 AL de l’astre, nous ne bénéficierons plus de son image, la navette ne sera alors plus attirée par elle, en revanche nous continuerons notre course, entrainés par inertie.
Bien, revenons à nos moutons.
Par le pare-brise j’apercevais le sol Lippien, jaunâtre, aride et caillouteux, inondé de lumière.
Il devait certainement faire plus de 40° à l’ombre et comme il n’y avait pas d’ombre…….

- Aucun végétal ?

- Aucun, d’après Alexandre, aucune vie découverte non plus. D’après lui cette planète recelait des richesses dans son atmosphère grâce au deutérium et son sous-sol regorgeait de métaux et cristaux rares exploités par …… Là, je m’avance un peu trop et cette discussion risque de dévier du sujet et nous amener encore plus loin. Restons sur Lippe si vous le souhaitez toujours.
Donc une fois posés, Martial saisit les commandes d’un télescope disposé à droite du poste de contrôle.

- Martial : - Nous allons nous servir d’un télescope uniquement réservé à l’observation.
Vous me répondrez qu’un télescope est essentiellement destiné à cela, excepté pour nous qui l’avons détourné de sa fonction.
Les lentilles de cet appareil sont également en céramique ferrite, en revanche le courant qui les traverse n’est pas le même, ce qui leur évite d’être gravitationnelles.


Alexandre à Martial :
- Couple-le avec Ariane (le télescope toujours dirigé vers la Terre) nous gagnerons du temps.
Mon cher Ganymède, je vous réservais cette surprise. Tout scientifique qui se respecte vous affirmera que l’on ne peut remonter le temps, retourner dans le passé et pourtant……
Nous allons pouvoir recevoir les images de la Terre sur ce moniteur couleur. Hélas, il y a peu de chance qu’elle soit tournée du bon côté.
Nous n’aurons guère plus de 50 minutes d’observation car la Terre tourne en sens contraire et sur un plan d’orbite différent de Lippe. C’est de la géométrie spatiale !


Pierre Olive : - C’est sûr, je préfèrerais observer Paris plutôt que Pékin et pourquoi pas suivre le match de foot au stade de France. Vu d’en haut, à travers son toit OVNIQUE, ce serait formidable.

- Hélas mon cher Olive, c’est rigoureusement impossible. Astronomiquement impossible. A moins que ce match se soit déroulé il y a 210 ans car toutes les images de la Terre observées depuis cette planète auront mis 210 ans environ à nous parvenir car Alexandre n’avait pas exactement étalonné la distance de cet astre à notre globe. Il cherchait un évènement historique précis afin de la préciser.
Une fois le télescope couplé au moniteur, une vue d’abord floue de la Terre apparut.
Affinant et grossissant la retransmission, nous distinguions nettement la planète bleue et ses continents.
Véritable coup de bol ou calcul préalable, toujours est-il que le continent européen était tourné vers nous, facilement reconnaissable malgré la forte perturbation le recouvrant.

- Pourrions-nous apercevoir Paris ? Lui demandai-je.

- Une fois la France en point de mire, il agrandit encore l’image, nous donnant cette vertigineuse impression de tomber d’un avion sans parachute.
Estimant l’éloignement de Lippe à 210 AL Alexandre espérait apercevoir des bribes de la révolution française.
Martial se saisit d’un film plastique transparent, imprimé du plan parisien de l’époque et l’installa sur l’écran moniteur.

- A ce stade, les mouvements du télescope s’effectuent au milliardième. Dit Alexandre.

- Martial ajusta alors l’image du moniteur à celle de son plan baladeur et choisit un arrondissement bien précis. Des milliers de toitures envahissaient l’écran puis parcs, jardins, places, avenues et enfin rues et ruelles étaient là, vivantes sous nos yeux.
Le grossissement à cette distance me produisait un étrange effet. Et pourtant quoi de plus logique que d’observer de vieux photons ayant accompli un périple de 200 ans.
Néanmoins si vieux qu’ils fussent je sentais bien qu’ils nous propulsaient vers le futur en nous plongeant dans le passé.
J’en étais tellement bouleversé que je questionnai bêtement :

- Comment est-ce possible ?

- Nous voyageons très vite. Dès notre départ nous avons dépassé la vitesse de notre propre image.
Supposez un cycliste très doué ou très dopé, s’échappant du peloton, arrivant une heure avant les autres, visionnant la course et l’arrivée de ses collègues à la télé alors que lui a franchi la ligne bien avant.

- Avec cependant une différence : sauf enregistrement, lui ne peut se voir sur l’écran.

- Exactement, nous en revanche nous pourrions nous apercevoir décoller de la planète Mars, parce-que nous nous déplaçons plus vite que notre image. Petite précision : après notre départ, il nous aurait fallu simplement quelques petites minutes/lumière, le temps d’ajuster le télescope, pour nous regarder quitter cette planète.

Se déplacer plus vite que la lumière nécessite une véritable gymnastique de raisonnement à laquelle nous ne sommes pas encore habitués.

- En effet………. Pouvez-vous agrandir la retransmission ? Il me semble apercevoir des ombres qui se déplacent, de la taille d’une fourmi et d’autres de mouches.

- Les fourmis sont probablement des hommes et les mouches des véhicules hippomobiles.


- Vu son allure, celui-ci doit être tracté par un bœuf et cet autre appartenir à un membre influent de la société si j’en juge par la longueur de l’attelage proportionnelle au nombre d’équidés qui l’équipent.

Martial déplaça l’objectif de façon à l’orienter sur un lieu bien précis. Une fois dessus, il zooma et s’écria :

- Elle a disparu !

Alexandre, pince sans rire : - Qui ça ? Marie Antoinette ?

- Non ! La Bastille ! Elle est déjà détruite. Il ne reste que quelques vestiges. Voyez ces tas de pierres.

- Es-tu certain de l’emplacement ?

- Absolument, mon plan s’adapte parfaitement.

- En quelle année serions-nous ? Dis-je.

- Je ne sais plus, obligatoirement postérieure à 1789 puisque la Bastille n’est plus là.
De surcroit il a fallu pas mal de temps afin de l’éliminer complètement.

J’ai du me tromper sur l’évaluation de la distance à cette planète. Je l’estimais à 210 AL.
Elle est donc plus près que je ne pensais.
(Le récit se situe au 4 Décembre 1999)

- Nul n’est infaillible.

- Pouvez-vous enregistrer ces images ?

- Absolument ! Martial a d’ailleurs alimenté le magnétoscope en même temps que le moniteur.

- Cela ferait un sacré film document !


- A condition qu’il soit authentifié. Les prises de vues manquent sérieusement d’effet artistique.
Si l’angle ne gêne en rien la configuration des rues, routes, cours d’eau, lacs, forêts, pour ce qui est de l’architecture, je n’aperçois que des toits.

- Avez-vous remarqué ? Les arbres n’ont pas de feuilles.
 
- C’est vrai, ils sont dénudés, nous sommes entre la fin de l’automne et le début du printemps.

- Je dirais carrément en hiver, ce qui expliquerait ces taches blanches sur les toits.


Martial : - De la neige ! Moi qui espérais tomber en plein mois de Juillet !

Alexandre : - Oui ! Pour la prise de la Bastille, tu repasseras sur une autre planète ! (Réflexion astronomiquement exacte !)


Dommage pour le souhait d’Alexandre et Martial. Néanmoins nous admirions ce Paris d’autrefois vivant sous nos yeux, habité par un fourmillement humain.
Ce devait être le matin, les gens semblaient vaquer à leurs occupations quotidiennes.
Il y en avait de plus en plus, traversant les rues, avenues, boulevards, sortant des immeubles, entrant dans des entrepôts ou encore avec un peu d’imagination, dans des cafés ou boulangeries.
Le Paris, en pleine vie, le Paris en action mais le Paris de quelle date ?

Pierre Olive : - Vos collègues n’ont pas eu l’idée de braquer leur télescope sur Toulouse ?
Vous auriez pu apercevoir l’ancêtre du Bar de l’Univers et pourquoi pas ses consommateurs ou les trisaïeuls de Maurice.

- En effet, ce n’était cependant pas leur but. Ils voulaient simplement étalonner cette planète, la reliant à un fait historique. Bien revenons à quelques années en arrière.

Alexandre : - Donne donc un coup de périscope dans les Balkans, il y a eu pas mal d’agitation dans la région après la révolution.

- Oui, nous reviendrons sur Paris, voyons un peu à l’Est, s’il y a du nouveau.


- Martial diminua rapidement le grossissement, ce qui nous éleva du sol à une allure télescopique avec l’avantage de nous restituer une vue globale de l’Europe.
Si sur Paris le ciel était dégagé, il n’en allait pas de même sur le reste du continent, il devait pleuvoir ou neiger.

Pierre Olive : - Comment pratiquaient-ils pour bénéficier d’une image fixe car Lippe et la Terre tournaient dans des mouvements désordonnés, nous aviez-vous dit ?

- Leur télescope accrochait un lieu bien précis de la Terre et y restait gravitationnellement collé.
En revanche, l’optique bougeait sur ses axes de manière à compenser les deux rotations des planètes ainsi que leurs orbites, bien entendu.
L’observation s’arrête quand l’appareil atteint la tangente à la planète ou l’horizon si vous préférez.
S’il s’agissait d’observer Vénus, nous bénéficierions de beaucoup plus de temps avec ses journées équivalentes à 243 des nôtres, seule la rotation de Lippe aurait diminué le temps d’observation.
A force de balayer les Balkans, Martial accrocha une trouée dans les nuages, probablement un des rares lieux à bénéficier du soleil puis zooma et nous descendîmes rapidement au sol. Il quadrilla alors le terrain à la recherche d’une quelconque présence.

Voilà, mes chers amis.

Demain, Mercredi, je vous raconterai le plus phénoménal spectacle de ma vie.

Pierre Olive : - Humh ! C’est votre vie qui est phénoménale, père Uranus, pas vos spectacles !

- A demain quand même !
 #34732  par pere uranus
 
Bonjour à tous.

Cet épisode devrait intéresser les historiens pour la bonne raison qu'il enrichira leurs connaissances sur un évènement important de notre histoire européenne.
Personnellement, j'ignorais totalement ce fait. (père Uranus)

BAR DE L’UNIVERS OU LES BONNES
HISTOIRES DU PERE URANUS


XXVI EPISODE

VOYAGE DANS LE TEMPS


Toulouse – Mercredi – 17h30

Depuis l’histoire invraisemblable du parachute sur Mars, le public est revenu malgré tout encore plus nombreux, particulièrement depuis que le père Uranus a abordé un voyage dans le passé.

Père Uranus :
- Mes chers amis, bonsoir !
Je vous ai laissé au moment le plus crucial de mon voyage, précisément à l’instant où Martial accrochait une trouée dans les nuages au-dessus des Balkans.
Il grossit la retransmission, balaya la surface et d’un coup une effervescence de vie nous sauta aux yeux. Cela grouillait de partout, certainement des hommes et des chevaux.
Le plus étrange provenait de leur disposition géométrique, tantôt en colonnes immobiles, tantôt en mouvements, sur rangs bien parallèles, pour se disperser subitement en parfait désordre, comme des armées s’affrontant.
Les belligérants, de couleurs d’uniformes différentes, se mélangeaient, s’agitaient pour finir parfois par rester immobiles comme morts, vaincus en combat collectif.
De la planète Lippe cela nous apparut comme une guerre de fourmis car à cette distance Martial avait du mal à grossir l’image. Hélas, c’était bien des hommes qui s’entretuaient.
La couleur rouge dominait, recouvrant le vert de la végétation, probablement le rouge des uniformes et le sang des hommes et des chevaux.
Etant donné le nombre de participants, c’était à coup sûr une grande bataille.

Martial, soucieux de connaitre ce lieu géographique, se saisit à nouveau de l’un de ses plans transparents, effectua un léger travelling arrière afin d’annoter l’emplacement sur sa feuille qu’il reporta aussitôt sur un atlas. Il s’écria alors…..

- Ça y est, je peux dire avec exactitude l’année, le mois, le jour et presque l’heure !!!

Pierre Olive :
- Très intéressant votre Martial, de travestir les atlas en horloge astronomique.

- En effet, car ce lieu géographique se situait aux environs d’un petit village nommé SLAKOV en République Tchèque.

- Ah ? Et alors ?

- Et bien quand je t’aurai indiqué que SLAKOV était tout proche à l’est de BRÜNN ou BRNO, tu pourras effectivement connaitre la date de cet évènement.

Pierre Olive réfléchit et …..
- Votre BRÜNN ou BRNO ne serait-il pas plus connu sous le nom d’Austerlitz ?

- Bravo, mon p’tit ! En effet, nous étions tombés en pleine bataille d’Austerlitz le 2 décembre 1805 !

Martial :
- C’était donc ça le fameux soleil d’Austerlitz en plein mois de décembre !
Une trouée dans les nuages destinée à une observation extraterrestre.

- Pourquoi pas.


Pourtant logique dans son contexte astrophysique, cette vision des faits me parut encore plus hallucinante que d’observer la terre sous un jour indéterminé, probablement parce que j’associais cet évènement à un possible voyage dans le temps.
Martial replongea alors au cœur de la bataille riche en conséquence quant à l’avenir de l’Europe.

Maurice, l’aubergiste, jusqu’ici silencieux ……
- Etant donné votre vitesse, celle de pouvoir rejoindre notre planète en moins d’une seconde, vous auriez pu venir sur terre et assister physiquement à cette rencontre.

Pierre Olive, d’ajouter :
- Votre œuf aurait été une formidable machine à remonter le temps !

- Oui, mais pas comme tu l’entends.
Nous étions éloignés de la terre par 195 années lumière, cette bataille en témoigne. Prenons l’exemple de revenir immédiatement sur terre : à la première année lumière parcourue en quelques millièmes de secondes, soit 9461 milliards de Km (distance d’une année lumière), si à ce moment précis nous avions observé la terre, nous aurions aperçu des évènements passés en décembre 1806, c'est-à-dire un an plus tard.
Même observation après une autre année lumière franchie, nous aurions été en 1807 et ainsi de suite.
Arrivés sur terre après avoir avalé les 195 AL nous séparant de Lippe, nous serions tombés en l’an 1805 + 195 = 2000, c'est-à-dire à la date de notre départ.

Pierre Olive, occupé à servir au fond du bar, revient vers le père Uranus :


- Vous nous aviez affirmé être partis le 4 décembre 1999, n’y aurait-il pas une année lumière perdue quelque part ?

- Non, pas une année mais quelques jours uniquement, 27 exactement.
Cette planète est donc éloignée de la terre de 195 années lumière + 27 jours lumière comme le souligne très judicieusement notre jeune ami. Puisque tu t’es rapproché si gentiment, profites-en pour m’approvisionner.

Une fois abreuvé, le père poursuit :
- Ce que nous apercevions de la planète Lippe n’étaient que de vieux photons échappés il y a 195 ans, photons que nous croiserons sur le chemin du retour, tout au long du voyage, pour finir par rencontrer les plus récents, ceux de décembre 1999.

- Nous ne pouvons donc pas rejoindre physiquement le passé ?

- Non !!!

- Et le futur ?

- Le futur, c’est autre chose. Chaque soir vous vous endormez pour vous réveiller dans le futur quelques heures après. C’est le même phénomène envisagé par certains scientifiques pour de longs voyages dans l’espace : cryogéner des astronautes afin qu’ils se réveillent des années plus tard sur des astres lointains. C’est cela le futur.

- Le retour au présent sera-t-il possible ?

- Tu veux dire au passé ? Pour ces astronautes, notre présent sera leur passé. Le passé n’existe qu’au passé, à la rigueur sur bande vidéo comme présentement cette bataille historique.

- Alors je préfère votre mode de transport, il a l’avantage de faire voyager au présent.

- Effectivement le présent est de loin le meilleur temps pour voyager et vivre pleinement sa vie.

- J’ai entendu parler de la théorie des jumeaux. Si l’on quitte la planète et voyage à la vitesse de la lumière, quand il revient, l’un des deux, je ne sais plus lequel, aura vieilli beaucoup plus que l’autre.

- Absolument pas. Nous en avons fait l’expérience et n’avons remarqué aucune ride supplémentaire sur nos contemporains ou sur nous-mêmes. Le temps est une notion mécanique.
Revenus sur terre, nos montres étaient à l’heure locale.
Bien…. Si vous le permettez revenons à SLAVKOV, entre 8 et 11 h, ce 2 décembre 1805.
Martial avait bien ajusté sur l’écran ce gigantesque choc de titans : l’empereur d’Allemagne allié à l’empereur de Russie (90000 hommes) contre celui des français (65000 hommes)

- C’est absolument inespéré ! nous avoua Martial.
J’ai eu mon enfance bercée par les conquêtes napoléoniennes racontées par mon grand-père.
Avoir maintenant sous les yeux sa plus belle victoire, maintes fois reconstituée à l’aide de soldats de plomb, m’enivre littéralement.
Regardez, je peux presque tout vous expliquer :
A l’est, le village d’Austerlitz (SLAVKOV) et les troupes alliées Russo Allemandes stationnées.

En face à l’ouest, la ville de Brünn(BRNO) avec toutes les troupes Napoléoniennes disposées en batterie nord-sud.
Au milieu, le fameux plateau de Pratzen occupé par Buxhovden.
Au sud, Davout attire Buxhovden dans un piège qui commet alors une immense faute professionnelle de soldat, il quitte une position stratégique : le plateau de Pratzen pour je ne sais quelle ruse.
Le plateau dégagé, Soult et Napoléon vont s’en emparer et séparer les troupes alliées.
Tenez, regardez :

Trop tard pour Buxhovden, au sud il est pris dans un étau entre Davout et Soult.
Voyez au nord du plateau ce qui se passe : Lannes et Murat empêchent Bagration d’épauler Buxhovden. Ils le repoussent un peu plus à l’est. Cela s’appelle séparer pour régner.
C’est le début de la débandade alliée.

Martial établit un zoom au sud du plateau et nous aperçûmes trois silhouettes immobiles, probablement à cheval, si l’on en jugeait par leur taille.

- L’un d’entre eux doit être notre Empereur accompagné certainement de Soult. Ils font face à Buxhovden et observent sa défaite.

Nos deux planètes tournant sur leur axe, nous ne percevions plus les images verticalement mais en oblique. En revanche cela donnait du relief à la retransmission.
C’était un laps de temps idéal mais limité. Nous pouvions distinguer les jambes des chevaux.
Voir aussi bien d’aussi loin était extraordinaire.

- Cela dit, nous précisa Alexandre, 200 années lumière reste pour l’instant une distance frontière pour une observation aussi nette suite à un parasite du photon, des heurts entre photons et neutrinos vieillissants (théorie sur le vieillissement de la lumière 1935 Hubble).
J’espère bien combler ce handicap dans le futur, éventuellement grâce à de nouvelles céramiques.
Nous pourrons alors apercevoir la Terre beaucoup plus âgée, aux temps des dinosaures pourquoi pas.
Il faudra simplement choisir une planète en fonction de sa distance à la Terre correspondant à quelques 60 millions d’années lumière, au bord de la galaxie.


En attendant, nous avions sous les yeux le dinosaure des français entouré de ses hommes.
Martial accomplit un mouvement circulaire et malgré la faible dimension de l’écran, l’énorme boucherie nous sauta aux yeux. 16 000 morts. 15 000 d’un côté et 1000 chez nous (compte-rendu d’après guerre)
Les soldats se déplaçaient rapidement dans un sens puis dans l’autre, certains au passage restaient immobiles, couverts d’hémoglobine. Le rouge était en augmentation constante. Les chevaux subissaient le même sort.
En remontant l’objectif au nord-est l’état major ennemi levait le camp, tout bivouac avait disparu.
Retour sur le plateau de Pratzen où notre Empereur, toujours immobile, observait Buxhovden.

- La Terre tourne trop vite, nous dit Martial, nous approchons de l’horizon.

Les troupes de Buxhovden étaient en déroute et dévalaient les flancs du plateau quand à leur tour nos trois silhouettes à cheval accompagnées d’une garde rapprochée s’ébranlèrent au trot.
Soudain, la monture du milieu, probablement celle de l’Empereur s’arrêta net et se sépara en deux, le cheval couché d’un côté et son cavalier effectuant quelques roulés boulés.
Les deux autres compagnons rebroussèrent chemin, descendirent de leur monture, vraisemblablement pour lui porter secours.

- C’est l’Empereur ! J’en suis presque certain cria Martial ;

Alexandre : - A-t’il été blessé à Austerlitz ?

- Pas que je sache.

- Et bien, profitons-en pour enrichir nos connaissances parce qu’une chute de cheval laisse des traces.

Entre-temps la garde rapprochée s’était un peu plus rapprochée et hissa l’homme, probablement blessé, sur un autre cheval puis ce petit groupe repartit à une allure moins soutenue.


- Cela ne doit pas être bien important affirma Martial, rassuré. Regardez, il se tient bien droit sur l’animal et serre les rennes d’une main.

En effet, le côté oblique de la retransmission nous permettait d’apercevoir certaines scènes, certains mouvements passés inaperçus.

- Oui, et de l’autre il semble se tenir les côtes et porter son bras en écharpe.
Mais alors cela change tout ! Ses douleurs d’estomac, son ulcère présumé ? Envolé !
Cette posture proviendrait d’une chute de cheval à Austerlitz.
Je comprends que personne n’en ait fait état, cela aurait quelque peu terni cette journée si glorieuse.


Alexandre : - Sa monture a dû être touchée par une arme à feu et s’est écroulée sous lui.

- Oui à quelques dizaines de centimètres près c’est tout le cours de l’histoire qui aurait été changé.
Qui sait si ce n’est pas en souvenir ou par superstition qu’il conserva son bras dans cette position.

Au sud comme au nord les troupes françaises repoussaient les alliés pourtant plus nombreux.

Alexandre : - Le fait que Napoléon ait eu deux adversaires face à lui a probablement joué en sa faveur. Un seul chef de guerre est bien plus efficace que plusieurs distribuant ordres et contrordres.

- Effectivement, de surcroît l’Empereur était un stratège hors pair.
Bien des jours avant la confrontation il amassait une énorme somme de détails jusqu’à la moindre aspérité dans le relief ainsi que bien entendu les renseignements stratégiques comme la nature et la quantité de nourriture adverse et ce qui était nouveau pour l’époque : la météo, le temps à venir.
Le premier décembre 1805 il savait donc qu’il ferait beau à Austerlitz le lendemain.


L’image avait beaucoup plus de relief, hélas notre observation finissait par se confondre avec la tangente à la Terre et nous perdîmes l’Empereur sur ce champ de boucherie humaine.
Sans se concerter nous établîmes un silence non moins évocateur.

Alexandre : - Reviens à l’ouest, Martial, nous devrions encore apercevoir Paris.

Ce qu’il fit tout en continuant d’enregistrer.
Nous étions revenus sur ce Paris du 2 décembre, encore très net à l’écran. L’objectif sillonna la capitale, places, boulevards, avenues, d’orientation est-ouest car les immeubles avaient tendance à masquer les artères exposées nord-sud.
Comme à Austerlitz notre visée tendait à rejoindre l’horizon.

Martial se fit la réflexion :
- Je me demande à qui peut bien appartenir ce carrosse tiré par tant de chevaux, les nobles n’avaient-ils pas tous émigré ?

- C’est oublier la noblesse d’empire, un noble en chasse un autre.


Notre dernier regard sur Paris fut sur les personnes déambulant dans les rues, insouciantes et inconscientes de cette éclatante et magistrale victoire remportée par leur Empereur. (La cassette en fait foi). Nous avions envie de le leur faire savoir, hélas, nous en étions incapables, tout autant incapables nous aurions été d’avertir Grouchy plutôt que Blücker de rappliquer à Waterloo.

Maurice : - Combien de temps mettra la nouvelle à leur parvenir ? Ils devaient bien bénéficier d’un système de communication quelconque ?

- Oui ! Du télégraphe à photon de Claude Chappe !

Pierre Olive : - Un télégraphe à photon en 1805 ?

- Oh pardon ! Je veux parler du télégraphe optique de Claude Chappe qui fut expérimenté en 1791 puis adopté par la convention en 1793, donc fin 1805 il était certainement en service sur sol français.

Après un tour d’horizon (au sens propre comme au figuré) sur la capitale au périphérique non embouteillé, Martial coupa la retransmission.
Il était temps de regagner nos pénates, la nuit s’annonçait sur notre continent au temps présent. L’idéal pour notre petite opération d’intox !
Nous quittâmes des yeux la Terre de l’an 1805 à 11 h au méridien de Greenwich (Martial en scout de l’espace avait déterminé l’heure grâce à l’ombre des immeubles) pour la retrouver quelques secondes plus tard, la nuit, 195 ans après.

C’était déboussolant et Pierre Olive d’ajouter :
- Oui, mais sûrement pas à la même place sur son orbite stellaire ni même galactique.

- En effet….

Une fois les plans et cartographies diverses rangés, nous étions prêts à décoller.

Une vitesse de croisière fut adoptée de façon à bénéficier des entrées et sorties de plusieurs systèmes stellaires aux multiples planètes.
C’était à chaque fois un véritable spectacle.

Voilà mes chers amis ! A demain !
 #35191  par pere uranus
 
Bonjour à tous.

Déjà le 27ème épisode sur 29 !

Permettez-moi à cette occasion de pousser un "coup de gueule" envers tous les membres de ce forum.
Il y a une partie de notre univers qui se rétracte. Personne n'en parle, tout le monde s'en moque.
Il est vrai qu'elle n'est pas facile à observer, néanmoins les trous noirs le sont encore moins et tout le monde en parle.
Ce lieu se nomme "le grand attracteur" avec entre-autre sa banlieue ABELL 3627.
Les galaxies environnantes finissent toutes dans l'estomac de cet ogre.
S'il existe dans ce pauvre univers un emplacement susceptible d'être animé (dans tous les sens du terme) c'est bien le "grand attracteur" et ses alentours.
Alors tous à vos observatoires en vous souhaitant de bonnes nuits. Y-16

En attendant bonne lecture !


BAR DE L’UNIVERS OU LES BONNES HISTOIRES
DU PERE URANUS

XXVII EPISODE

RENCONTRE AVEC DES SOUCOUPES VOLANTES


Toulouse – Jeudi – 17 h 15

Beaucoup de monde au Bar de l’Univers, mais ce n’est pas un scoop.
Le père Uranus est prêt à poursuivre son étonnant récit.

- Mes chers amis, bonsoir !

Une fois ses consommations servies, Maurice coupe la parole à notre homme :
- J’ai une question qui me démange depuis plusieurs jours : vos amis ont-ils croisé des véhicules non répertoriés à l’argus de la Nasa ?

- Là, tu me gênes énormément. J’ai déjà accompli un effort démesuré en vous contant cette aventure, tout en protégeant l’intimité de mes amis et je n’ai guère envie de trahir Alexandre qui m’avait fait promettre le secret sur cette observation inattendue.

Pierre Olive : - Oh ! Je vous rassure, père Uranus, autant nous adorons vous écouter, autant je n’envisage pas ce public absolument convaincu de vos propos. Vous pouvez nous narrer en toute quiétude une rencontre avec un E. T. cela ne bouleversera pas notre univers et vos amis pourront dormir tranquilles à l’abri des paparazzis.

- Ah  bien ! Sincèrement je préfère ça !
La réalité a beau dépasser la fiction, la fiction reste beaucoup plus crédible que la réalité, c’est parfait.
Alexandre Fortin souhaitait taire une telle observation parce qu’il se disait, je le cite :

- Si des créatures capables de se mouvoir plus vite que la lumière existent, nous ayant rendu visite depuis de nombreuses années, sans dommage pour nous, c’est qu’elles sont d’un pacifisme viscéral.
A leur place, il y a belle lurette que nous aurions envahi et colonisé tout leur système stellaire.

Nous projetons déjà de terra former Mars ! Vous pensez bien qu’une planète habitable, clé en mains, peuplée ou non de créatures intelligentes, nous n’aurions pas attendu le résultat de leur référendum pour les envahir et les exterminer, engendrant éventuellement une guerre des mondes.
En revanche, eux ont toujours évité l’affrontement, se limitant à l’observation !

Maurice : - Vos amis ont donc aperçu un véhicule spatial d’origine extraterrestre ?

- Voici ce que me conta Alexandre :

- Nous voguions autour de la constellation du Temps Perdu, près de Rollix plus précisément, quand j’ai accroché dans le télescope de surveillance par balayage un objet se déplaçant plus vite que la lumière.
Nous l’avons harponné grâce aux lentilles de manière à le suivre plus aisément.
Il a d’abord abordé Lippe, y a stationné pendant 1 heure ou 2 comme pour faire le plein d’une ressource quelconque. Lippe regorge de minerais rarissimes ainsi que du deutérium dans son atmosphère. Nous l’observions depuis un satellite naturel de Lippe.
Le plein effectué, il redécolla vers sa planète d’origine.


- Quelle forme avait-il ? N’ai-je pu m’empêcher de demander.

- Exactement la forme d’une soucoupe !

Pierre Olive : - Je m’attendais à mieux et suis déçu.

- C’est pourtant la configuration la plus ancienne décrite dans les témoignages les plus sérieux.
Un fabulateur va vouloir authentifier son témoignage par une description de l’OVNI se rapprochant le plus possible d’un objet volant connu.
Représenter l’apparition de l’engin sous la forme d’une soucoupe, le quidam est conscient de passer pour un hurluberlu. Si malgré tout sa description est maintenue, c’est qu’il a véritablement été témoin de cette apparition sous cette forme. Beaucoup d’ailleurs se sont abstenus de témoigner, précisément à cause de cette configuration.
Nous avons longuement discuté ici de la similitude entre les lentilles de télescope géant et les soucoupes volantes. Notre œuf en était bien équipé, permettant plusieurs directions.

- Pierre Olive : - Mais alors ? Ces extra terrestres voyagent à l’intérieur de leur lentille ?

- Non ! Entre deux lentilles ! Une soucoupe volante en est toujours équipée de deux.
C’est un minimum. Marche avant et marche arrière sont nécessaires à tout véhicule.
Eux ont amélioré le système en le simplifiant. La lentille supérieure leur autorise plusieurs directions. Celle ventrale est néanmoins nécessaire pour des ralentissements, des arrêts furtifs dans des changements de cap ou simplement des marches arrière.
Alexandre Fortin aurait aimé discuter avec leurs ingénieurs car il n’arrivait pas techniquement à en concevoir une, omnidirectionnelle.

Une mamie du premier rang : - Vous avez de ces mots : leurs ingénieurs !

- Oui …. La technique reste la technique, il n’y a aucune sorcellerie dans la mécanique.

- Voilà donc pourquoi les OVNIS ressemblent à des lentilles !

- Oui, ce qui explique également le phénomène évoqué dans certains témoignages : « La soucoupe devenait luminescente, elle éclairait ». C’est tout simplement le fonctionnement de l’électro optique attirant les photons illuminant la céramique.

Pierre Olive : - Alors tout s’explique ! Revenons à cette soucoupe, jusqu’où l’ont-ils poursuivie ?

- Je continue, si tu le permets :

Alexandre : - Après un laps de temps, j’ai eu la malencontreuse idée d’augmenter la gravitation vers la soucoupe afin de mieux la filer.
Les autres s’en sont vite aperçus car la manœuvre ralentissait leur allure.
J’ai dû couper ce cordon optique et jouer à cache-cache derrière les planètes, tirant des bords d’un astre à l’autre, comme un voiler face au vent, afin d’échapper à leur vigilance.
Nous les avons toutefois suivis jusqu’à leur planète.

- Avez-vous pu les observer ? Lui demandai-je.


- Oui, à l’abri, depuis l’un de leur satellite naturel inhabité. J’ai baptisé cette planète HELAST, je vous expliquerai pourquoi.

- Où se situe-t’elle ?

- Oh bien loin de notre Voie Lactée, dans un amas galactique dont le nom très connu est ABELL 3627.

- Tout proche du centre de l’univers ?


- Proche du Grand Attracteur, entre 200 et 300 millions d’années lumière de chez nous.
Cette planète fait partie d’une minuscule galaxie que j’ai nommé Galaxie du Bonheur, allez donc savoir pourquoi, probablement dans l’euphorie du moment.
Cette planète, HELAST, appartient à un système d’étoiles doubles EMMA I et EMMA II, toujours baptisées par moi-même.

Après une longue observation, nous avons souhaité aborder sa surface. Nous attendions la nuit sur l’un de ses continents afin de pénétrer leur atmosphère.
Hélas pour nous, HELAST ne bénéficie presque jamais d’obscurité car éclairée par deux étoiles situées à l’opposé l’une de l’autre.
Nous nous y sommes malgré tout dirigés à petite vitesse.
Le danger, si danger il y avait, provenait certainement de leur atmosphère.
Cette planète devait forcément posséder une protection quelconque aussi bien contre les météorites que les intrus comme nous. Donc prudence !

Notre faible allure nous sauva certainement la vie car arrivés à 120 km du sol, la navette a rebondi comme une balle de ping-pong. Sur quelle matière ? Mystère…… et ce fut panique à bord.
Heureusement, nous étions attachés. En revanche, tout ce qui n’était pas fixé a valdingué de tous côtés.

Au bout de quelques secondes, revenus de notre surprise, j’ai réussi à reprendre les commandes.
Aucune pièce vitale n’avait souffert.

- Avez-vous été blessés ?


- Non, à part quelques ecchymoses occasionnées par divers objets.
Toutefois avant de partir je tenais à comprendre le fonctionnement de ce bouclier, véritable trampoline géant invisible. Nous sommes revenus à la charge, beaucoup plus lentement. Hélas, toujours à l’altitude de 120 km l’œuf a rebondi, certes avec moins de violence.
Traverser cette zone s’avérait impossible au stade de nos connaissances. Pourtant, devant nous, les soucoupes la franchissaient aisément sans ralentir, alors ….. ?
J’en profitais pour prélever un échantillon d’atmosphère et de poussière cosmique environnants, grâce au bras télescopique prévu à cet effet.

Sur l’instant, j’imaginais comme responsable un bouclier magnétique. Sur terre l’examen de l’échantillon démentit cette hypothèse, bien que …..

- Excusez-moi de vous couper mais êtes-vous revenus facilement d’aussi loin ?

- Pas du tout ! J’au vu le moment où je ne pourrai plus rejoindre la Voie Lactée car dans le choc contre cette protection planétaire le télescope arrière, notre fil d’Ariane toujours dirigé vers la Terre, a été endommagé.

L’ABC de toute navigation en milieu inconnu nécessite des repères. Cependant toute constellation adopte une configuration différente dès que vous quittez le système solaire, à fortiori quand vous changer de galaxie.
Trois repères situés dans trois galaxies différentes m’ont permis de me guider et pouvoir revenir ainsi que d’édifier ce plan de l’univers en 3 D.
Nous sommes malgré tout revenus du Grand Attracteur (ABELL 3627) plus enrichis sur la topographie spatiale.
De retour à Galactika, j’ai analysé l’échantillon du phénomène répulsif. Les poussières cosmiques n’avaient rien d’inconnu et le gaz recueilli était de l’hélium, du banal hélium 4 (2 protons, 2 neutrons)


- Cette planète bénéficiait d’un bouclier d’hélium ? Comment ont-ils pu transformer ce gaz en membrane élastique ?

- Cela m’a obligé à approfondir l’étude de cet atome et à déterminer un axe AB traversant son noyau. Et là, je m’aperçus que ses deux électrons tournaient à l’envers.

- C’était de l’anti matière ?


- Non, les électrons étaient bien négatifs ainsi que les protons positifs. Cet hélium avait subi un traitement spécial. Lequel ? Mystère !

- Vous avez aperçu d’autres véhicules traversant ce bouclier pendant votre surveillance, ai-je cru comprendre ?

- Oui, les trajets de ces soucoupes ont été suivis par le télescope, elles rejoignaient tout bonnement d’autres planètes du système EMMA I et II à heures fixes.

Les voyages de proximité étaient effectués par des soucoupes de 30 mètres d’envergure et les plus lointains par d’autres atteignant une bonne centaine de mètres de diamètre.

Pierre Olive : - Il y avait donc deux modes de transports réguliers, des courts et longs courriers sur deux types de véhicules, « soucoupes légères » et « soucoupes cargos » ?

- Probablement. Alexandre me précisa :

- La première aperçue et suivie jusque là était beaucoup plus petite, ne dépassait pas les 8 mètres, la seule à traverser la galaxie d’après nos observations. Ce pouvait être un vaisseau d’observation et de surveillance intergalactique ou alors éventuellement un vaisseau privé appartenant à un milliardaire Hélastien. Pourquoi pas !
Voilà ! Nos observations se limitèrent à l’examen des va et vient de ces soucoupes.

Nous nous approchions de la terre quand Alexandre me posa cette étrange question :
- Avez-vous passé une bonne journée, mon cher Ganymède ?


Comme si nous revenions d’un pique-nique en forêt.

- Laissez-moi digérer cette journée de 400 années. Le déroulement des festivités a entrainé des situations inédites, exceptionnelles, extravagantes et rocambolesques pour le commun des mortels de l’an 2000, condensées dans une demi-journée (12/24). Je dis rocambolesques parce-que je me doute de ce qui va suivre, la demi-journée n’est pas achevée.

Elle a débuté par :


1) Un décollage vers la Lune à une vitesse supraluminique.
2) Véritable festin de routier avalé dans un bunker lunaire.
3) Visites des sites abordés par les astronautes US et les sondes Russes dans un 6x6 Berliet.
4) Accrochage de la circulation routière lunaire avec une jeep de la Nasa mal stationnée.
5) Voyage vers Mars, pose, visite d’un site équatorial en VTT.
6) Un peu de jardinage avec plantation d’un arbuste destiné à inverser le pourcentage gaz
carbonique – oxygène de l’atmosphère.
7) Forage d’un trou dans un impact de météorite avec mise à jour d’une nappe phréatique
jaillissant du sol, déclenchant le processus de pluie sur Mars.
8) Pour couronner notre expédition, petite balade dans le temps, 200 ans en arrière,
atterrissant en pleine guerre napoléonienne.
9) Sans parler de notre future farce spatiale à venir.

Et après toutes ces aventures vous me demandez si j’ai passé une bonne journée !
Demandez-moi plutôt si j’ai bien dormi ! Ce serait plus logique.

- Je sais, me répondit Alexandre, cela fait toujours ça la première fois.


Voilà, mes chers amis, demain nous retournerons sur terre, sur notre bon vieux plancher des vaches à Neuilly/Seine.

A demain, si vous le souhaitez toujours.
 #35708  par pere uranus
 
Bonjour à tous.

Quel est l'astronaute, cosmonaute, spationaute ou autre naute qui n'a pas rêvé de supprimer le premier danger de la circulation spatiale ?
De la plus infime particule de peinture, boulon, clé, trousse à outils jusqu'au plus gros satellite, l'un d'eux se trouvera fatalement un jour sur sa route. (un jour ne signifie pas forcément demain)


BAR DE L’UNIVERS OU LES BONNES HISTOIRES
DU PERE URANUS

XXVIII EPISODE

TROP DE SATELLITES ARTIFICIELS
RETOUR A L’ENVOYEUR



Toulouse – Vendredi – 17 h

Le père est à son poste, juché sur son estrade.
Devant un dossier aux pages éparpillées, il est prêt à conter la suite de son odyssée face à son public aussi nombreux qu’enthousiaste.

- Souvenez-vous, nous étions Alexandre, Martial et votre serviteur de retour vers la planète Terre après cet étonnant spectacle retransmis par des photons à vitesse limitée.
Aux commandes du vaisseau, à quelques encablures de notre globe, Martial nous interpella :

- Regardez à midi, notre planète bleue n’est-elle pas resplendissante avec ses océans et ses nuages ? Je dois la contourner, notre continent est de l’autre côté, à l’ombre.

- Afin de tourner autour du globe, Martial est obligé de s’aider de trois gravitations planétaires. La manœuvre est beaucoup plus délicate que de se rendre en direct sur Mars.
Une fois en aplomb sur l’objectif, il se sert de la Lune comme frein astral.
Ces manœuvres spatiales finissaient par m’être familières.

Alexandre : - Il y a longtemps que j’attends ce moment, retourner à son propriétaire l’un de ces bien trop nombreux satellites artificiels.
D’imaginer la stupéfaction, le trouble et l’interrogation du destinataire me récompensera du surplus de la manœuvre.

- Vous êtes aussi très farceur à vos heures, Alexandre ?

- Oui et je le préconise à quiconque, cela permet de garder une certaine jeunesse.
De savoir que nous allons déposer ce satellite d’observation militaire US dans le jardin de l’ambassadeur dudit pays me met en liesse.


- Nous pourrions y joindre un mot d’excuse ajoute Martial, je me suis chargé de sa rédaction.

- Pour l’instant charge-toi de la conduite !


- Nous avions l’hexagone dans le noir, face à nous. Rechercher Paris fut une autre paire de manches. En revanche les pollutions lumineuses tant décriées à juste titre par les astronomes nous aidèrent beaucoup. Nous pûmes grâce à ces ilots lumineux dénicher le plus important et définir notre lieu de pose.

Pierre Olive : - Vous voulez dire atterrir ? Sur Terre, cela se dit fréquemment !!!

- Tu as raison, je n’étais pas encore revenu de l’espace.
Arrivés à une certaine altitude, Alexandre et Martial se munirent de lunettes spéciales dont ils me prêtèrent une paire.

Alexandre : - Le danger à basse altitude réside dans les lignes électriques invisibles la nuit.
Ces lunettes possèdent des oculaires en céramique spéciale, sensibles aux mouvements massifs et rapides des électrons, autrement dit l’électricité. Essayez-les !


Ils effectuèrent un point fixe sur Paris.
Brusquement à travers ces lunettes m’apparurent une multitude de serpentins lumineux multicolores, zigzagant en tous sens.

Alexandre précisa : - Chaque voltage correspond à une couleur et l’épaisseur du faisceau à l’intensité du courant. Nous pouvons ainsi différencier les lignes de haute et basse tension des lignes téléphoniques.

Maurice : - Et les lignes téléphériques ou de remontées mécaniques ?

- Effectivement Maurice, celles-ci étaient exclues de cette détection.

- Pierre Olive : - Votre destination étant Neuilly /Seine, les câbles téléphériques ne représentaient pas votre principal danger ! En revanche le téléphone l’était beaucoup plus.

- Oui, et le faisceau bleu restait bien visible à travers ces lunettes.

Martial se saisit alors du plan de Paris et s’orienta sur Neuilly plus précisément à l’adresse privée de l’ambassadeur des States :

- Nous allons nous poser dans le parc de la résidence. Voyez c’est ici et bien trop éclairé, il faudra faire vite. La propriété se trouve sous contrôle électronique périmétrique ainsi que gardée par deux énormes molosses aux babines impressionnantes.
Nous nous étions renseignés, sans savoir qu’un jour ….
Le danger canin me semble de loin le plus pernicieux. Nos gestes devront être synchronisés dans un laps de temps très réduit.


- Allons, allons Martial, arrivant de Lippe en passant par Mars et Lune, ce n’est pas un boitier électronique ni quelques dents disposées sur une gencive canine qui vont t’impressionner !
Ne puis-je m’empêcher de le rassurer.


- Reste le risque d’une volée de plomb envoyée par un gardien à deux pattes aux babines moins inquiétantes mais à l’index plus dévastateur. Enfin….. Nous aviserons. Je ne vous l’ai pas dit, en partant de Mars pour Lippe j’ai rédigé une petite bafouille à l’intention du Maître de ces lieux et si Monsieur Ganymède accepte de fractionner sa pierre de Mars aux stalactites mycosiques, j’en déposerai un échantillon sur ma lettre d’excuse bien visible au-dessus du satellite US restitué.

- Nous nous rapprochions du sol, de ce parc reconnaissable à sa forme trapézoïdale.
C’était notre premier atterrissage depuis notre départ.
Une fois en aplomb d’une zone découverte, Martial atténua la force gravitationnelle lunaire, les pieds télescopiques touchèrent le sol, accomplissant leur rôle d’ascenseur, nous amenant à un mètre de notre bonne vielle Terre. Les deux portes du sas pouvaient s’ouvrirent simultanément vu qu’il régnait la même atmosphère de part et d’autre.
Nous sortîmes alors sans combinaison, frappant du pied, sautant sur ce sol afin d’en apprécier la gravité et l’onctuosité comme tout bon voyageur interplanétaire se dérouillant les membres inférieurs.
Contournant le véhicule afin d’extraire le satellite US, deux énormes fauves tigrés nous stoppèrent net, reniflèrent nos chaussures, puis dans un ensemble parfait se dirigèrent vers un pied de la navette, levèrent une patte afin d’arroser en abondance cet inox massif inoffensif.

- Rassurez-vous leur dis-je ce sont des danois (des dogues allemands)

Martial : - Vous parlez d’un apaisement, ces bêtes ont l’air féroce ! dit-il brandissant sa cartouche lacrymo.

- Non ! Pas ça voyons, tu ne connais pas le danois ?

- Ni le finnois non plus.

- Ce n’est pas ce que je voulais dire, ces bêtes ont l’air de tout sauf féroce.


Comme pour me donner raison l’un des deux mâles me flaira à nouveau, puis l’odorat satisfait, remua la queue et me lécha la main avant de me sauter au cou, les deux pattes sur les épaules, me pourléchant le visage d’une énorme langue rugueuse râpeuse et baveuse.
L’autre mâle agissait de même avec Martial, qui sous le poids de l’animal articula :

- Tu parles de chiens de garde. Ils sont spécialisés dans les accueils diplomatiques, ces clébards !

Subitement, afin de nous contredire, les deux bêtes nous quittèrent pour se précipiter vers la clôture où déambulaient probablement à l’extérieur quelques promeneurs attardés et c’est l’enfer qui se déchaina en aboiements cruels et impitoyables, d’une sonorité assourdissante.

Martial : - Qu’est-ce qui leur prend ? Ils nous font fête et deviennent agressifs envers les passants.

- Pour eux, tout ce qui vient du ciel est béni, mon p’tit Martial, ces chiens on dû recevoir une bonne éducation. Leurs propriétaires et leurs amis arrivent certainement en hélico.
Ils sont probablement dressés contre les intrusions horizontales et assimilent les arrivées verticales comme la nôtre à une visite amicale.

Profitons-en. Au fait, comment allons-nous extraire ce satellite de 600 kg, nous ne bénéficions plus du1/6 de son poids.

Alexandre : - ne vous tracassez pas, il va rouler tout seul sur le sol et sera un peu plus abîmé mais qu’importe, après tout ce périple ils ne vont quand même pas le renvoyer de là où il vient !!

En effet, une fois les sangles lâchées, Martial ouvrit progressivement la trappe inférieure à l’aide des vérins hydrauliques et le satellite descendit tout seul, roulant sur les aiguilles de pins.
Notre farceur de Martial, qui me fait penser à toi Pierre Olive, déposa sa lettre d’excuse rédigée par un soi-disant extraterrestre égaré et rajouta par-dessus le fragment de pierre martienne.

Martial : -De quoi occuper un bon moment les scientifiques, toutes disciplines confondues de la Nasa, en leur souhaitant bon courage car il leur faudra admettre l’inadmissible, en l’occurrence que ce satellite perdu pour une raison inconnue a brusquement quitté son orbite et l’attraction terrestre pour aller s’écraser sur la Lune.
Le choc et la poussière de lune feront foi. Puis plus incompréhensible encore, son retour sur terre, comme si la Lune lui avait servi de raquette.
En revanche, ce satellite n’ayant subi aucune surchauffe à son entrée atmosphérique leur paraitra secondaire face à son lieu d’atterrissage très particulier.

La cerise sur ce gâteau restera sans conteste cette pierre martienne déposée là, comme un spectaculaire pied de nez aux astrophysiciens du monde entier !
Va y avoir des nœuds dans les synapses des chercheurs attelés à dénouer les fils de ce canular spatial !
Je me demande si tout compte fait ils ne vont pas adhérer au texte de cette lettre d’excuse qui a l’avantage de donner une explication logique et rationnelle des évènements.
Jugez vous-mêmes :


Voici le document dont j’ai gardé le brouillon :


Le 04.12.199 MERKRYL. KRABS. YGROPS
Fuseau horaire Greenwich Etudiant en sociologie Intergalactique
Résident de la planète HELAST
GALAXIE DU PLAISIR



Monsieur le Représentant du véhicule endommagé,

Jeune étudiant préparant une thèse sur les comportements sociologiques des êtres vivant en couple, groupe, tribus organisées ou ermite, appartenant aux planètes de la voie lactée, le 4.12.1999 de votre mesure temporelle, lors d’une approche de la Planète Bleue, je suis malencontreusement entré en collision avec l’un de vos véhicules sans conducteur, causant quelques dégâts.


A ma décharge, nous n’avons pas l’habitude, autour d’Hélast, de ce genre d’appareil sans opérateur.
Il y a certes des voies de navigation, des autoroutes satellitaires réservées aux véhicules automatiques. Elles sont cependant protégées magnétiquement, ce qui annihile tout risque de collision.

Ceci n’enlève en aucun cas ma responsabilité dans ce sinistre, d’autant que je naviguais à contre sens sur cet orbite.
Je suis, il est vrai, un jeune pilote, pour la première fois lâché seul en dehors de notre archipel galactique ABELL 3627.


Afin d’éviter une surprime de la part de mon assureur ainsi qu’éventuellement une suppression temporelle de mon autorisation de navigation intergalactique, permettez-moi de vous dédommager avec cette pierre de Mars comportant des vestiges de vie encore actifs à l’intérieur des spores.

Espérant qu’elle vous fasse l’économie d’un voyage sur cette planète afin d’aller le vérifier, recevez, Monsieur le Représentant des Etats Associés, l’expression de mes sentiments responsables.


Merkryl Krabs Ygrops


Une fois la provenance de la pierre établie et la poussière de lune analysée, me dit Alexandre, si les gars de la Nasa ne pètent pas une durit cérébrale, c’est qu’ils ont plus d’humour et de perspicacité que la moyenne.


Le bruit de la fermeture des trappes arrières rappelèrent immédiatement les molosses et c’est une nouvelle démonstration affective pour notre regretté départ, interprété en jappements majeurs par ces duettistes danois.

- Nous reviendrons les clébards, leur dit Martial, avec un quartier de bœuf ! Gardez bien ce satellite et n’allez pas bouffer cette pierre sous prétexte qu’elle a un léger goût de cèpe bordelais sous ses spores si précieux.

Ils inclinèrent la tête comme s’ils cherchaient à comprendre, et, la porte du sas refermée, se mirent à gémir comme de jeunes chiots perdus sans leur mère.
Emanant d’un tel gabarit, le son était paradoxal.

Une fois aux commandes, Alexandre me demanda :
- Je vous dépose quelque part ? (Un véritable chauffeur de maître !)

- Chez vous, j’ai mon espace à récupérer, dissimulé dans vos bois.

- Effectivement.


Pierre Olive : - L’espace dissimulé dans un bois !!! Vous avez de ces mots !!!

La suite vous la devinez : élévation rapide du sol parisien puis après quelques modifications de trajectoire procurées par 3 autres gravités planétaires et nous sommes en aplomb sur GALACTIKA.

- Attention aux satellites ne puis-je m’empêcher de lui dire. Vous n’allez pas passer votre temps à les ramener à leur propriétaire.

- Ce ne sont pas les satellites qui m’inquiètent mais plutôt les avions, les avions de ligne. Je me vois mal retourner à Galactika, un air bus scotché à l’œuf par impédance collatérale ajouta-t’il dans un éclat de rire.

Tout en plongeant sur Galactika, je saisis les lunettes spéciales de détection électrique et admirais
ce fabuleux ballet d’électrons dans les câbles à haute tension, un spectacle qui plairait à J.M. Jarre.

Voilà, mes chers amis comment s’est terminée cette épopée.
Je vous conterai Lundi notre dernière discussion après un atterrissage dans ce cœur de cathédrale romane.
 #36475  par pere uranus
 
Bonjour à tous.

Voici le dernier épisode de ce rocambolesque voyage. A y réfléchir je ne devrais pas vous poster ce dernier témoignage parce-que si jusqu'ici vous avez adhéré à la véracité de l'odyssée, je doute que vous en fassiez de même avec cette rencontre extra galactienne.
Mais.....Sait-on jamais ?


XXIX EPISODE

LES BONNES HISTOIRES DU PERE URANUS

CONVERSATION ENRICHISSANTE AVEC DES E.T.



Lundi – Toulouse – 17h35

Quelques tables libres au bar de l’Univers, à c’t heure !!! Du jamais vu !
Faut dire que le public en a eu pour son argent : le récit d’une odyssée exceptionnelle.Aujourd’hui ce que peut bien évoquer le père Uranus n’aura pas le même impact que cet étrange et fantastique voyage spatial…. Quoi que…. Sait-on jamais avec un tel olibrius et les judicieuses questions de Pierre Olive.
Le père, ému par les applaudissements des fidèles consommateurs, prend la parole :
- Mes chers amis, Vendredi était notre dernier rendez-vous autour de ce voyage.
Désormais nous pouvons toujours nous réunir et parler d’autre chose. Il se passe tant d’évènements cruciaux dans l’univers, de la naissance d’une étoile à une explosion d’une super nova…..

Pierre Olive : - Parlez-nous plutôt de ces fameux extra-terrestres aperçus par vos amis !

- Pourquoi pas ! En fait c’est un choix très judicieux car cette rencontre ouvre des perspectives palpitantes sur notre avenir et surprenantes envers notre passé.
Vendredi, je vous avais quittés au retour de notre voyage, atterrissant dans cette ancienne cathédrale transformée en usine à OVNIS ou à camping-cars spatiaux si vous préférez.
Alexandre tenait à ce que je partage leur diner. Une fois à table, je leur avouai :

- J’aimerais vous poser une question qui me turlupine : avez-vous réussi à percer le bouclier protecteur de la planète Helast et communiquer avec ces créatures ?

- Non, je n’ai pu découvrir le traitement de cet hélium avec ses électrons tournant à l’envers.En revanche, nous avons pu converser avec les créatures de cette planète. M’affirma Alexandre Fortin.

D’un seul coup, dans ce bar, l’attention des consommateurs redouble et Maurice oublie d’encaisser.

Pierre Olive : - Oh là !! De vrais extraterrestres ???

- Oui !!! Des habitants d’une autre planète, dans une autre galaxie !!!
N’ayant pu modifier les atomes d’hélium, Alexandre ne se résignait pas pour autant et revint rôder autour d’Helast afin d’observer ce petit monde, à l’abri sur un de leur satellite naturel inhabité et c’est là qu’il apprit tout ce qu’il y avait à savoir.

Le père Uranus marque un temps puis…. Bien….. Je souhaiterais que nous nous transportions par la pensée sur ce satellite d’Helast : 3.G.P.U.R 3627. (Nom scientifique donné à ce satellite par les Hélastiens.
Relaxez-vous et imaginez que vous êtes sur la Lune à surveiller des terriens vaquant à leurs occupations et à noter toutes les sorties dans l’espace de sondes spatiales ou autre véhicule envoyé vers Mars ou Jupiter.
Bien ….. Vous y êtes ??

Alexandre et Martial faisaient de même depuis « 3.G.P.U.R » et observaient les Helastiens dans leurs déplacements.
Après des heures interminables d’observations, ils s’octroyèrent un sommeil bien mérité, favorisé par une semi obscurité, sommeil très agité pour Alexandre, peuplé de cauchemars.
En effet le jour du départ vers Helast il avait reçu ses impôts fonciers, exorbitants selon lui, et dans son cauchemar les huissiers frappaient à sa porte afin de saisir son château.
Les coups furent si violents qu’ils réveillèrent Alexandre en sursaut.

Ce n’était pas les huissiers de son rêve mais des créatures à la porte du sas.
Ne réalisant pas tout à fait la situation, il réagit néanmoins machinalement et enfila à la hâte casque et combinaison, afin d’ouvrir le sas, alors que la précaution élémentaire dictait de se sauver à la vitesse supra luminique du système stellaire EMMA I et II.
Martial réveillé, l’accompagna.

Une fois la porte de leur véhicule ouverte, ils se trouvèrent nez à nez face à deux créatures casquées : de véritables extraterrestres. Il émanait des sons de la part de ces individus dont l’attitude d’ailleurs ne semblait pas belliqueuse.
Remis de sa surprise, Alexandre les examina de la tête aux pieds.
Ces êtres en scaphandres nous ressemblaient bigrement à travers leurs combinaisons.

L’un d’eux tendit à Alexandre un objet au bout d’un fil. Objet, qui pouvait à la rigueur passer pour un micro.
La créature haussa la tonalité, montrant et agitant l’appareil devant le casque d’Alexandre, sans toutefois d’hostilité apparente.

Comme n’importe quel quidam à qui on tend un micro à brûle pourpoint, Alexandre ne sut que dire.
A peine sorti de son cauchemar, il leur raconta ses soucis et démêlés fiscaux sur une imposition foncière démesurée, en constante augmentation, pour du terrain globalement en friche.
Il poussa même la curiosité à leur demander s’il en était de même sur cette planète.
Discours qui n’a eu aucune incidence sur cette prise de contact, puisqu’ils l’apprirent plus tard, cette interview n’avait pour but que d’enregistrer notre langage afin de le décoder et de pouvoir communiquer parfaitement par la suite.
Quand je dis aucune incidence, ce n’est pas tout à fait exact, parce qu’indirectement, ces extraterrestres apprirent le taux élevé d’imposition sur les propriétés bâties et non bâties dans l’hexagone, ce qui dans l’avenir pourrait freiner leur migration vers notre planète, d’où un impact majeur sur notre futur.

Cela dit, ces deux créatures, une fois leur enregistrement terminé, regagnèrent leur véhicule, une mini soucoupe stationnée à deux pas de l’œuf.
Ils y restèrent une bonne vingtaine de minutes, revinrent vers le vaisseau terrestre où Alexandre et Martial attendaient impatiemment la suite des évènements.
Nos deux amis envisageaient tout sauf ce qui leur arriva.
Ces deux créatures extraterrestres, engoncées dans leur combinaison, s’adressèrent, je dis bien : s’adressèrent à eux en français tout à fait correct, autant que peut l’être votre meilleure boîte vocale.
A partir d’un simple enregistrement d’un langage inconnu Ils étaient capables de soutenir verbalement, d’une façon tout à fait acceptable, une conversation amicale autant que scientifique, avec peut-être une tonalité légèrement mécanique.
Alexandre n’en revenait pas.
Comment, à partir d’un échantillon de phrase pouvaient-ils aussi rapidement recréer et placer à bon escient des mots qu’ils n’avaient jamais entendus ? Cela tenait de la magie.
La première phrase prononcée par ces créatures fut :

« Bonjour Habitants d’une autre planète ! Nous vous souhaitons la bienvenue. »

Après réflexion, Alexandre se dit : « ces gars là ont dû visiter pas mal de planètes habitées comme la Terre, enregistrer et étudier tous les langages existants. Une simple phrase servait de déclic vers la langue appropriée, préalablement apprise par ces créatures extra solaires.
Alexandre les invita alors à entrer dans le sas, tout en leur demandant quelle atmosphère ils respiraient et sous quelle pression. A part une pression plus forte (1150 gr/cm2) le pourcentage oxygène/ azote était sensiblement le même que sur Terre.
Dans la pièce principale de l’œuf Alexandre augmenta la pression de façon à satisfaire ses hôtes, une fois désincarcérés de leur combinaison.

Pierre Olive : - Est-ce que ces créatures nous ressemblaient ?

- Affirmatif !
Je vous ai déjà parlé des besoins qui favorisent l’organe. La fonction crée l’organe.
Si la nécessité de voir ou d’entendre se manifeste chez n’importe quel être vivant, animal ou végétal, l’œil et l’oreille apparaitront au fil des générations, étalés sur des millénaires, bien entendu.
Chez les végétaux, apparemment ce besoin ne s’est pas fait sentir, bien que …..
Mais c’est une autre histoire.
La morphologie de ces êtres évoluera au fil des nécessités rencontrées : température, pression atmosphérique, atmosphère, nourriture, adversaires. Dans ce dernier cas des organes de défense verront le jour : griffe, carapace, poison, etc.….

Les créatures d’Helast vivaient sur une planète dans une galaxie bien lointaine, néanmoins planète bénéficiant globalement des mêmes propriétés physiques que la Terre : pesanteur, pression atmosphérique, atmosphère, radiation stellaire, etc.….
Arrivées à un stade de développement physique et intellectuel plus avancé que le nôtre, ces créatures jouissaient malgré tout d’organes et de morphologie semblable aux terriens.
Grosso modo, malgré quelques modifications d’implantation du nez, d’écartements des yeux, longueur et grosseur des oreilles ainsi que leur grande taille, ils nous ressemblaient.

La conversation porta principalement sur la vie des Helastiens, leurs activités, leur vie en société, enfin, tout ce qu’ils purent apprendre de cette planète en quelques minutes, c'est-à-dire pas grand-chose. Néanmoins, le plus grand invita mes amis à visiter Helast.
L’œuf derrière la soucoupe, ils pénétrèrent le bouclier en vol accompagné et ne connurent jamais le secret de cet hélium dont les électrons tournaient à l’envers. Toutes les soucoupes helastiennes devaient posséder une sorte de clé-code pour pénétrer ce bouclier.
Ils furent tout naturellement autorisés à filmer ce qu’ils souhaitaient : géographie, paysages, flore, faune, architectures, ponts, routes, viaducs, véhicules et bien entendu les habitants, seuls ou en famille. La grosse différence résidait principalement dans la faune et la flore, surtout la flore.
Une fois sur terre, la vente de cet enregistrement plus celui de la bataille d’Austerlitz arrivera, je l’espère, à payer les impôts fonciers d’Alexandre, n’est-il pas ???
Ils furent invités en tant que VIEP (Very Important Extra Planétaire). Le nom de leur planète, comme leur satellite, possède une suite de chiffres et de lettres beaucoup moins poétique qu’Helast.
Ils furent donc conviés dans un immense bâtiment officiel où ils durent répondre à de nombreuses questions sur nous et notre mode de vie sur Terre, bien qu’Alexandre les soupçonnait de déjà connaitre les réponses.
Mais bon…. C’était une visite diplomatique. A leur tour, ces Helastiens retracèrent leur historique.

Ils appartiennent à la plus ancienne civilisation de l’univers encore en vie mais non la première, éteinte depuis belle lurette.
Les continents et les océans se partagent à peu près à égalité la surface de cette planète.
Sur ces continents vivent des individus dirigés par un même pouvoir central et apparemment personne ne s’en plaint, aucun conflit, aucune guerre n’est à déplorer.
Ces créatures sillonnent régulièrement l’univers, surveillant l’évolution et le développement de la vie sur certains astres comme la Terre.
Ce sont eux qui ont implanté la Lune autour de la Terre de façon à y favoriser le développement de la vie.

Les Helastiens connaissent quasiment tout du fonctionnement de l’univers jusqu’aux plus infimes particules susceptibles, en fusionnant, d’engendrer une multitude de compositions physiques de la matière. Leurs chercheurs examinant une nano particule sont arrivés au-delà de ce que l’on peut imaginer. Ce qu’ils ont aperçu avait de quoi étonner l’Helastien le plus blasé.
Cette nano particule, une fois contre-expertisée, se révéla receler des milliards de galaxies géantes, naines, elliptiques, spirales, barrées, etc.…..
Enfin c’est ce qu’ils ont prétendu à nos amis.
A ce stade de développement, la recherche ne peut guère leur apprendre grand-chose.
Elle est comme arrêtée par un savoir abouti. Leurs connaissances ne se transmettent pas dans
des facultés ni sur internet mais génétiquement comme l’instinct chez nos amis les bêtes.
La notion principale qu’ils ont alors acquise, grâce à leur longue expérience de la vie observée non seulement chez eux mais partout dans l’l’univers où des êtres évolués ont vu le jour puis se sont entretués, est : LA SAGESSE..... Oui, leur notion fondamentale est la SAGESSE.

Un jour, suite à une longue observation de la Terre depuis la Lune, ils souhaitèrent vérifier si leur ADN était compatible avec le nôtre et inséminèrent au hasard une terrienne avec la semence de leur Grand Dignitaire. Un bébé mâle naquit, conforme à leurs espérances. Il vécut sa vie sur Terre d’une façon naturelle jusqu’à ce que devenu homme, il se mette en tête d’inculquer à son tour la sagesse aux Terriens. Sa situation se détériora rapidement, sa liberté et sa santé furent terriblement menacée. « Nous l’avons retiré de justesse, ils voulaient le zigouiller » expliquèrent ces créatures à Alexandre.

Cela se passait il y a bien longtemps……. Mais vous l’avez compris le temps est une notion à revoir !!!

Comme quoi les légendes ont parfois des origines surprenantes.
Voilà mes chers amis qui met un point final à cette odyssée.

Afin de vous divertir, je vous propose à tous et à Pierre Olive en particulier, un petit exercice sur le temps, le temps qui s’écoule afin de bien vous faire pénétrer cette notion.
Vous choisissez un endroit désert et plat sous un ciel dégagé et y déroulerez une grande banderole sur laquelle vous aurez inscrit la date du jour avec

« Bienvenue sur la planète bleue »

Dans la seconde même, vous risquez d’être aperçu 50, 100, 1000 ans plus tard dans le futur par des créatures vivant sur des planète distantes de 50, 100 ou 1000 années-lumière de chez nous, ou tout bonnement dans la seconde qui suit, à la jumelle par un visiteur du dernier étage de la tour Eiffel ou un alpiniste de haute montagne, bien de chez nous.

Je vous souhaite une bonne soirée et n’oubliez pas, le bar de l’Univers reste ouvert à toute discussion sur l’univers.

A très bientôt, père Uranus.

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Si depuis 2 ans l'Univers du père Uranus vous a intéressé, n'hésitez pas à me le faire savoir par M.P.
Les critiques négatives seront également les bien-venues.
Jusqu'à présent de n'ai guère eu de retour et je souhaiterais vivement en avoir.
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