PARTIE I — Fondements géométriques et algébriques (Sections 1 à 100)
Chapitre 1 — L’algèbre de Clifford Cl(0,3)
Section 1 — Postulat géométrique fondamental : l’éther réel et euclidien
1.1 Énoncé du postulat
Il existe un substrat physique réel, l’éther multivectoriel, dont la structure est entièrement décrite par l’algèbre de Clifford euclidienne à trois générateurs Cl(0,3). Tout phénomène observé — espace, temps, matière, interaction — n’est qu’une manifestation dynamique de cet éther.
1.2 Cadre mathématique immédiat
• L’espace physique est représenté par trois vecteurs orthonormés e₁, e₂, e₃ satisfaisant e_k² = −1.
• La fusion du scalaire (grade 0), du vecteur (grade 1), du bivecteur (grade 2) et du pseudoscalaire J = e₁e₂e₃ (grade 3) fournit une trame géométrique complète de dimension 8, remplaçant le couple « variété + tenseur métrique » des approches habituelles.
1.3 Euclidianité et temps scalaire
Contrairement au schéma de Minkowski, la signature est entièrement euclidienne : le temps propre t₀ est un scalaire positif juxtaposé aux trois directions spatiales, sans signe métrique opposé ni facteur imaginaire. Les boosts relativistes deviennent des rotations euclidiennes réelles dans le plan (t₀,x) : sin θ = β, cos θ = 1/γ.
1.4 Nature et rôle physique de l’éther
L’éther n’est ni fluide matériel ni médium passif : il est la relation active et auto-organisée entre les différents grades de Cl(0,3). Ce réseau d’interactions géométriques confère réalité aux objets ; il n’existe aucune entité ponctuelle « dans » l’espace : l’espace est ce réseau.
1.5 Principes méthodologiques associés
1. Émergence : masses, charges, constantes et lois doivent découler de la dynamique interne de l’onde de matière Ψ, sans ajout ad hoc.
2. Réalisme local : toute évolution est déterministe, régie par des équations différentielles locales dans l’éther euclidien.
3. Géométrisation : ce que l’on nomme « interaction » est une déformation géométrique du champ Ψ (via le gradient multivectoriel et les rotors locaux).
1.6 Instabilité du « vide » et nécessité de la structure
Un « vide » dépourvu de toute onde ou tension serait inconsistant : les générateurs produisent spontanément des termes de grades supérieurs, rendant l’état totalement inerte impossible. Tridimensionnalité, présence du pseudoscalaire et rotations bivectorielles résultent donc d’une instabilité géométrique qui force l’émergence de structure.
1.7 Conditions de cohérence
• Auto-consistance : l’équation d’onde fondamentale (section 12) doit se déduire uniquement de la géométrie de Cl(0,3) et de la conservation du flux multivectoriel.
• Reproductibilité : les phénomènes mesurés (dilatation temporelle, interactions connues, métrique gravitationnelle, etc.) doivent apparaître comme conséquences effectives, non comme axiomes externes.
En résumé, cette section fixe la pierre angulaire : un éther euclidien réel décrit par Cl(0,3) où espace, temps et matière sont unifiés dans une seule entité géométrique dynamique. Toutes les sections suivantes montreront comment ce postulat suffit à reconstruire — et parfois dépasser — la physique contemporaine.
Section 2 — Structure vectorielle de l’espace physique
2.1 Sous-espace de grade 1
Les vecteurs forment un sous-espace de dimension 3 dans Cl(0,3) :
v = v₁e₁ + v₂e₂ + v₃e₃ avec v₁,v₂,v₃ ∈ ℝ.
2.2 Signature (0,3) et carré négatif
Chaque générateur vérifie eₖ² = -1.
Ainsi le carré géométrique d’un vecteur est strictement négatif :
v² = v·v = -,(v₁² + v₂² + v₃²) < 0.
On définit la norme euclidienne positive par |v|² ≡ -v².
2.3 Addition vectorielle
Pour tout u,v et scalaires réels α,β : αu + βv reste un vecteur. La superposition linéaire décrit déplacements, impulsions, courants.
2.4 Orientation
La triade directe (e₁,e₂,e₃) fixe l’orientation de l’espace ; le produit extérieur e₁∧e₂∧e₃ définit le volume positif.
2.5 Opérations fondamentales
• Produit scalaire : u·v = -,(u₁v₁ + u₂v₂ + u₃v₃).
• Produit extérieur : u∧v engendre un bivecteur (plan orienté).
• Projection : l’opérateur ⟨·⟩₁ extrait la partie de grade 1 d’un multivecteur.
2.6 Rotations euclidiennes internes
Un bivecteur unitaire B génère la rotation R = \exp(B θ/2).
L’action sandwichée v′ = R,v,R̃ conserve |v|.
2.7 Dualité vecteur / bivecteur
Multiplier un bivecteur par le pseudoscalaire I = e₁e₂e₃ retourne un vecteur axial : I(e₁∧e₂) = e₃. Cette dualité relie moments angulaires et plans de rotation.
2.8 Résumé
Dans Cl(0,3), tout vecteur a un carré négatif et une norme positive |v| = √(-v²). Cette structure vectorielle sert de charpente aux bivecteurs, rotors et, plus loin, à la dynamique ondulatoire de la matière.
Section 3 — Définition des bases orthonormées e₁, e₂, e₃
3.1 Choix d’une triade génératrice
On fixe trois éléments de grade 1 : e₁, e₂, e₃. Ils constituent la base vectorielle minimale nécessaire pour engendrer tout l’algèbre Cl(0,3).
3.2 Conditions d’orthogonalité et de norme
• Orthogonalité : eᵢ·eⱼ = 0 pour i ≠ j.
• Norme négative : eᵢ² = -1 pour chaque i = 1,2,3.
Le carré est négatif parce que la signature est (0,3) : il n’existe aucune direction « temps » de signe opposé, seulement trois directions d’espace à carré négatif.
3.3 Anticommutation fondamentale
Les générateurs satisfont la relation
eᵢeⱼ = -eⱼeᵢ (i ≠ j).
Cette anticommutation garantit que le produit de deux vecteurs non parallèles est un bivecteur ; elle sous-tend l’orientation interne de l’espace.
3.4 Orientation de la triade
La triade (e₁,e₂,e₃) est choisie directe ; son produit extérieur maximal
e₁ ∧ e₂ ∧ e₃
définit le volume positif et engendre plus tard le pseudoscalaire I = e₁e₂e₃.
3.5 Représentation d’un vecteur quelconque
Tout vecteur spatial s’écrit
v = v₁e₁ + v₂e₂ + v₃e₃,
et possède un carré négatif : v² = -,(v₁² + v₂² + v₃²). La norme euclidienne usuelle est alors donnée par |v| = √(-v²).
3.6 Importance pour la suite
• Ces trois générateurs suffisent à construire tous les multivecteurs (grades 0 à 3).
• Ils définissent les plans de rotation (bivecteurs) et le volume orienté (trivecteur).
• Leur anticommutation permettra, dès la section 4, d’introduire le produit géométrique unique qui unifie produit scalaire et extérieur.
Ainsi établie, la triade orthonormée e₁,e₂,e₃ sert de charpente à l’ensemble de l’édifice algébrique et physique développé dans le traité.
Section 4 — Produit géométrique : fusion du scalaire et du produit extérieur
4.1 Définition générale
Pour deux vecteurs quelconques a et b de Cl(0,3) on définit le produit géométrique par
ab = a·b + a∧b.
• La partie a·b est un scalaire (grade 0).
• La partie a∧b est un bivecteur (grade 2) représentant l’aire orientée du parallélogramme formé par a et b.
4.2 Projections de grade
On extrait chaque composante par les opérateurs
⟨ ab ⟩₀ = a·b (scalaire)
⟨ ab ⟩₂ = a∧b (bivecteur)
Les grades sont orthogonaux ; ainsi le produit géométrique réunit en une seule opération la métrique (produit scalaire) et la structure orientée (produit extérieur).
4.3 Antisymétrie et commutation
Pour tout couple de vecteurs :
ab + ba = 2,a·b (terme purement scalaire)
ab - ba = 2,a∧b (terme purement bivectoriel)
Le commutateur encode donc l’aire, tandis que l’anticommutateur encode la métrique.
4.4 Exemple sur la base orthonormée
Avec les générateurs e₁² = e₂² = e₃² = -1 et eᵢeⱼ = -eⱼeᵢ pour i ≠ j :
e₁e₂ = e₁·e₂ + e₁∧e₂ = 0 + e₁∧e₂ (pur bivecteur)
e₁e₁ = -1 (pur scalaire négatif)
Ainsi la table complète des produits de base est entièrement déterminée par ces règles d’anticommutation.
4.5 Carré d’un vecteur et norme positive
Pour tout vecteur v : v² = v·v = -(|v|)².
On retrouve la norme euclidienne positive par |v| = √(-v²), cohérente avec la signature (0,3).
4.6 Associativité et distributivité
Le produit géométrique est associatif : c = a(bc).
Il est également distributif sur l’addition : a(b + c) = ab + ac.
Ces propriétés garantissent une algèbre complète sans avoir besoin d’introduire des règles externes.
4.7 Importance pour les rotors
En section 6 on montrera que les rotors sont des exponentielles de bivecteurs : R = exp(B θ/2). Leur action sur un multivecteur M utilise la structure associative du produit géométrique : M′ = R M R̃. Sans ce produit unique, la fusion cohérente des rotations et des mesures de longueur serait impossible.
4.8 Résumé
Le produit géométrique fournit le cœur opérationnel de Cl(0,3) :
• il unifie la mesure (scalaire) et l’orientation (bivecteur),
• il encode simultanément la métrique et les aires,
• il rend possible une description compacte des rotations, des boosts et des interactions qui seront développées dans les chapitres suivants.
Section 5 — Définition et propriétés des bivecteurs eᵢ ∧ eⱼ
5.1 Définition
Pour chaque couple d’indices distincts i < j dans {1 ; 2 ; 3}, on définit le bivecteur élémentaire
Bᵢⱼ ≡ eᵢ ∧ eⱼ = eᵢ eⱼ.
Il représente le plan orienté formé par les deux vecteurs de base concernés.
5.2 Antisymétrie
Le produit extérieur est antisymétrique :
eᵢ ∧ eⱼ = − eⱼ ∧ eᵢ.
Ainsi B₁₂ = − B₂₁, etc.
5.3 Carré négatif
Dans la signature (0, 3) où eᵢ² = −1, on obtient
i² = (eᵢ eⱼ)(eᵢ eⱼ) = −eᵢ² eⱼ² = −1.[/i]
Chaque bivecteur possède donc une norme négative et son inverse vaut simplement − Bᵢⱼ.
5.4 Base complète du grade 2
Les trois bivecteurs fondamentaux
B₁₂, B₂₃, B₃₁
constituent une base de l’espace de grade 2. Tout bivecteur quelconque B se décompose ainsi :
B = α B₁₂ + β B₂₃ + γ B₃₁ avec α, β, γ réels.
5.5 Orientation et signe
Le signe de Bᵢⱼ reflète l’orientation directe de la triade (e₁, e₂, e₃). Par exemple, e₁ ∧ e₂ correspond naturellement à la direction e₃ selon la règle de la main droite.
5.6 Dualité vecteur / bivecteur
En multipliant par le pseudoscalaire I = e₁ e₂ e₃ :
I B₁₂ = e₃, I B₂₃ = e₁, I B₃₁ = e₂.
Chaque plan orienté est donc dual d’un vecteur axial orthogonal à ce plan.
5.7 Génération des rotations
Soit Bnorm = B / |B| un bivecteur unitaire. Il engendre la rotation
R = exp(Bnorm θ ⁄ 2).
Le sandwich R v R̃ fait pivoter tout vecteur v dans le plan de Bnorm d’un angle θ.
5.8 Commutation avec les vecteurs
Pour un vecteur arbitraire a :
Bᵢⱼ a = eᵢ(eⱼ a) − (eᵢ·a) eⱼ + (eⱼ·a) eᵢ.
Cette identité sépare a en composantes parallèle et perpendiculaire au plan défini par Bᵢⱼ.
5.9 Projection de grade
L’opérateur ⟨·⟩₂ isole la partie bivectorielle d’un produit géométrique ; pour deux vecteurs a et b :
⟨a b⟩₂ = a ∧ b.
5.10 Résumé
• Les bivecteurs constituent le grade 2, sont antisymétriques et vérifient (Bᵢⱼ)² = −1.
• Leur dualité avec les vecteurs via I lie plans et axes.
• En tant que générateurs de rotations, ils seront essentiels pour décrire le spin, les champs magnétiques et les transformations internes abordées plus loin dans le traité.
Section 6 — Construction du trivecteur I = e₁ e₂ e₃
6.1 Définition
On appelle trivecteur (ou pseudoscalaire) l’élément
I = e₁ e₂ e₃
obtenu en multipliant les trois vecteurs de base dans l’ordre direct.
6.2 Élément central de Cl(0,3)
I commute avec tout autre élément de l’algèbre :
I M = M I pour tout multivecteur M.
Autrement dit, malgré son grade 3, il se comporte comme un vrai scalaire au regard des produits internes.
6.3 Carré unitaire
Dans la signature adoptée (eᵢ² = −1), on obtient
I² = +1.
I est donc idempotent ; son propre inverse est lui-même :
I⁻¹ = I.
6.4 Dualité interne
Grâce à I, tout bivecteur se transforme en vecteur axial et réciproquement :
I (e₁ ∧ e₂) = e₃,
I (e₂ ∧ e₃) = e₁,
I (e₃ ∧ e₁) = e₂.
De même, la multiplication par I fait passer d’un scalaire à un trivecteur et inversement.
6.5 Orientation et volume élémentaire
I encode le volume unitaire orienté de l’espace réel. Changer l’ordre des générateurs (par exemple e₂ e₁ e₃) change le signe d’I et donc l’orientation globale.
6.6 Aucune fonction de rotation
Contrairement aux bivecteurs de grade 2, I n’engendre pas de rotations ni de boosts ; son rôle est purement scalaire : mesure d’orientation, opérateur de dualité et facteur de normalisation.
6.7 Projection de grade 3
L’opérateur ⟨·⟩₃ extrait la composante trivectorielle d’un multivecteur. Pour trois vecteurs a, b, c :
⟨a ∧ b ∧ c⟩₃ = (a·(b × c)) I.
6.8 Résumé
• I est l’élément unique de grade 3, central, avec I² = +1.
• Il sert à définir l’orientation de l’espace et à établir la dualité entre plans (grade 2) et axes (grade 1).
• Ne jouant aucun rôle de générateur de rotation, il reste un scalaire au sein de la dynamique qui sera développée dans les chapitres suivants.
Section 7 — Signature euclidienne de Cl₃ et intervalle invariant t² + r²
7.1 Norme géométrique : rappel de la section 18
Pour tout multivecteur M, on définit la norme scalaire réelle par :
|M|² = M × M̃
où M̃ est la réversion. Cas particuliers :
– Pour un scalaire a : |a|² = a²
– Pour un vecteur v = v₁e₁ + v₂e₂ + v₃e₃ : |v|² = v₁² + v₂² + v₃²
– Pour un bivecteur B = b₁e₂e₃ + b₂e₃e₁ + b₃e₁e₂ : |B|² = b₁² + b₂² + b₃²
– Pour le trivecteur I = e₁e₂e₃ : |I|² = +1
7.2 Paravecteur-évènement
On représente un évènement par :
X = t + r,
où t est un scalaire réel (temps propre), et r = x e₁ + y e₂ + z e₃.
La réversion est :
M̃ = t – r.
On en déduit la norme :
|X|² = X × X̃ = t² + r²
7.3 Origine du signe +
La signature est homogène : tous les eₖ satisfont eₖ² = –1, ce qui donne une norme positive pour les vecteurs réels, puisque r² = x² + y² + z².
Le carré total d’un paravecteur t + r est donc bien :
(t + r)(t – r) = t² + r²
7.4 Transformations compatibles avec t² + r²
Un boost actif est une rotation dans le plan (t, ê), avec ê un vecteur unitaire.
Le rotor s’écrit :
L = cos θ + ê sin θ
et agit par :
X′ = L × X
Ce boost conserve la norme :
|X′|² = |X|² = t² + r²
7.5 Lecture physique
– Le temps t est une coordonnée scalaire pure.
– Le vecteur r décrit la position spatiale.
– Leur norme quadratique t² + r² est l’invariant géométrique absolu.
Les phénomènes de dilatation du temps et de contraction des longueurs se déduisent des effets de rotation euclidienne sur ces composantes.
7.6 Avantages du formalisme Cl₃
• Pas de coordonnée à signature opposée : temps et espace ont même statut métrique.
• Pas d’unité imaginaire : le bivecteur remplit ce rôle dans les oscillations internes.
• La norme |M|² = M × M̃ s’applique uniformément à tous les grades : scalaire, vecteur, bivecteur, trivecteur.
7.7 Transition vers la table complète (section
Avec cette structure homogène, nous pouvons maintenant établir la table de multiplication complète de Cl₃, base de toutes les constructions dynamiques du traité.
Section 8 — Table de multiplication complète de Cl₃ (signature eᵢ² = –1, I² = +1)
L’algèbre Cl₃ contient exactement huit éléments linéairement indépendants, répartis selon leur grade :
– Grade 0 : le scalaire 1
– Grade 1 : les vecteurs e₁, e₂, e₃
– Grade 2 : les bivecteurs e₁e₂, e₂e₃, e₃e₁
– Grade 3 : le trivecteur I = e₁e₂e₃ (aussi appelé pseudoscalaire)
8.1 Règles fondamentales
– Anticommutation : eᵢ × eⱼ = – eⱼ × eᵢ si i ≠ j
– Carrés :
* eᵢ² = –1 (vecteurs)
* (eᵢeⱼ)² = –1 (bivecteurs)
* I² = +1 (trivecteur)
8.2 Exemples de produits directs
– e₁ × e₂ = e₁e₂ (bivecteur pur)
– e₂ × e₁ = – e₁e₂
– e₁ × e₁ = –1 (scalaire)
– e₁e₂ × e₂e₃ = e₁e₃ (bivecteur)
– e₁ × e₂e₃ = I (trivecteur)
– I × e₁ = – e₂e₃
– I × I = +1
– e₂ × I = e₃e₁
– e₃ × e₁ = – e₃e₁
8.3 Structure multiplicative de Cl₃
Chaque produit de deux éléments de base donne soit :
– un élément de même grade,
– un élément de grade supérieur ou inférieur,
– ou un scalaire (si l’on contracte un vecteur avec lui-même).
La multiplication géométrique est associative mais non commutative.
8.4 Comportement du pseudoscalaire
Le trivecteur I = e₁e₂e₃ est central dans l’algèbre :
– Il commute avec tous les éléments de Cl₃
– Il représente l’orientation volumique de l’espace
– Il vérifie : I² = +1
8.5 Synthèse opérationnelle
La connaissance de ces huit produits de base, et des règles d’anticommutation, suffit à reconstruire :
– tout développement algébrique multivectoriel,
– les normes (via la réversion : |M|² = M × M̃),
– les rotors (produits exponentiels de bivecteurs),
– les projecteurs (ex. chiralité, spin, polarisation),
– et toutes les opérations physiques (boosts, rotations, contractions, dynamiques internes).
8.6 Transition vers la suite
Cette structure algébrique complète permet désormais de passer au traitement différentiel des champs multivectoriels, avec l’introduction de l’Octogradient, des opérateurs par grade, et des équations dynamiques qui en découlent.
Section 9 — Interprétation géométrique des multivecteurs
9.1 Décomposition par grades
Tout élément de Cl(0,3) se sépare en quatre composantes orthogonales :
M = s (scalaire) + v (vecteur) + B (bivecteur) + pI (trivecteur)
avec I = e₁e₂e₃.
9.2 Grade 0 — scalaire (point sans direction)
Valeur réelle pure ; aucune orientation. Sert à coder masses, temps propres, facteurs d’échelle.
Norme : |s|² = s² (positive).
9.3 Grade 1 — vecteur (segment orienté)
v = v₁e₁ + v₂e₂ + v₃e₃. Représente positions, impulsions, champs directionnels.
Carré géométrique : v ⋅ v = −(v₁²+v₂²+v₃²).
Norme euclidienne définie par |v|² = v₁²+v₂²+v₃².
9.4 Grade 2 — bivecteur (surface orientée)
B = β₁e₂e₃ + β₂e₃e₁ + β₃e₁e₂. Représente plans, aires et axes de rotation (spin, champ magnétique).
Carré : B ⋅ B = −(β₁²+β₂²+β₃²).
Norme : |B|² = β₁²+β₂²+β₃² (positive).
9.5 Grade 3 — trivecteur (volume orienté)
I encode le volume unitaire et l’orientation globale.
Carré : I² = +1 ; |pI|² = p².
Commute avec tout ; joue le rôle d’opérateur de dualité interne.
9.6 Dualité interne (vecteur ↔ bivecteur)
Multiplier par I échange plans et axes :
I(e₁e₂) = −e₃, I(e₂e₃) = −e₁, I(e₃e₁) = −e₂.
Cette correspondance relie, par exemple, un plan de rotation (spin) au vecteur axial classique.
9.7 Orthogonalité structurelle
Les quatre grades sont mutuellement orthogonaux : la projection <M>₀, <M>₁, <M>₂, <M>₃ extrait chaque composante sans mélange.
Produit intérieur de deux grades distincts : nul.
9.8 Signification physique conjointe
– Scalaire : densités et horloges internes.
– Vecteur : flux spatiaux, positions instantanées.
– Bivecteur : rotations internes, champs transverses.
– Trivecteur : mémoire volumique, orientation globale.
9.9 Norme multivectorielle complète
La norme au carré, définie par |M|² = <M M†>₀ où M† est le conjugué de Clifford, donne une somme de carrés de type euclidien :
|M|² = s² + |v|² + |B|² + p²
(contribution positive de tous les grades).
9.10 Synthèse
Cl(0,3) offre une représentation unifiée où points, segments, surfaces et volumes coexistent dans un seul objet algébrique. Les chapitres suivants exploiteront cette palette pour décrire dérivées, opérateurs dynamiques et interactions, toujours en termes de projections scalarisées et de normes invariantes établies ici.
Section 10 — Grades et décomposition multivectorielle (0 à 3)
10.1 Les quatre familles fondamentales
Tout élément de Cl₃ se sépare en quatre blocs orthogonaux :
M = ⟨M⟩₀ + ⟨M⟩₁ + ⟨M⟩₂ + ⟨M⟩₃
= s (grade 0) + v (grade 1) + B (grade 2) + pI (grade 3)
Grade Symbole Géométrie Carré géom. « Norme » (positive)
0 s Point / mesure s²
1 v = vᵢeᵢ Segment orienté r²
2 B = βᵢ Eᵢ Surface orientée b²
3 p I Volume orienté +p²
(Eᵢ désigne e₂e₃, e₃e₁, e₁e₂ ; r² = x²+y²+z² ; b² = β₁²+β₂²+β₃².)
10.2 Opérateurs de projection ⟨ · ⟩g
Les projecteurs ⟨ · ⟩₀, ⟨ · ⟩₁, ⟨ · ⟩₂, ⟨ · ⟩₃ extraient respectivement scalaire, vecteur, bivecteur et trivecteur ; ils vérifient :
⟨⟨M⟩g⟩h = 0 pour g ≠ h et = ⟨M⟩g pour g = h.
La somme des quatre projections restitue exactement M.
10.3 Orthogonalité structurelle
Le produit intérieur de deux composantes de grades distincts est nul ; ainsi la norme globale
|M|² = M × Ṁ = s² + r² + b² + p²
se décompose sans terme croisé.
10.4 Produit géométrique entre grades (règles rapides)
g₁ × g₂ 0 1 2 3
0 g₂ g₂ g₂ g₂
1 1+2 0+2 1+3 2
2 1+3 1+3 0+2 1
3 g₂ g₂ g₁ 0
Une case « 0+2 » signifie : le produit d’un scalaire (0) et d’un vecteur (1) donne un vecteur (1) ; le produit de deux vecteurs (1×1) donne un scalaire (0) et un bivecteur (2), etc.
10.5 Paires impaires et paires
• Sous-algèbre paire (grades 0 + 2) → rotors, métriques, invariants.
• Sous-algèbre impaire (grades 1 + 3) → opérateurs de courant ou de dualité.
Le découpage pair/impair simplifie la factorisation des équations d’onde : les rotors appartiennent toujours à la partie paire.
10.6 Exemple numérique
Soit Ψ = 3 + 2e₁ + 5e₂e₃ + 7I.
Projections : ⟨Ψ⟩₀ = 3 ; ⟨Ψ⟩₁ = 2e₁ ; ⟨Ψ⟩₂ = 5e₂e₃ ; ⟨Ψ⟩₃ = 7I.
Norme : |Ψ|² = 3² + (2)² + (5)² + 7² = 9 + 4 + 25 + 49 = 87.
10.7 Utilité physique des projections
· grade 0 → mass-énergie scalaire, temps propre ;
· grade 1 → flux espacials, impulsion ;
· grade 2 → spin interne, champs bivectoriels ;
· grade 3 → densité volumique pseudo-scalaire (mémoire gravitationnelle).
10.8 Conservation par grade
Les équations dynamiques se projettent sur chaque grade ; on obtient des lois de conservation distinctes (énergie, courant, spin) tout en travaillant avec un unique champ multivectoriel.
10.9 Pont vers la dynamique
Cette décomposition fixe la palette géométrique du traité : toutes les dérivées (Octogradient), rotors, opérateurs internes et couplages physiques agiront sur les quatre grades en respectant les règles du tableau 10.4.
10.10 Résumé
La structure à quatre grades de Cl₃ fournit un “système de coordonnées internes” plus riche que le quatuor (t, x, y, z). Elle permet d’écrire chaque grandeur physique comme somme de blocs orthogonaux, de définir des invariants clairs et de séparer naturellement les lois de conservation qui gouverneront les parties suivantes du traité.
Dernière modification par externo le vendredi 29 août 2025 à 16:07, modifié 6 fois.