BAR DE L’UNIVERS OU LES BONNES
HISTOIRES DU PERE URANUS
XXIV EPISODE
OUI ! DE LA VIE SUR MARS
Toulouse – Lundi – 17h
- Mes chers amis, Vendredi je vous ai lâchement abandonnés sur une falaise de Mars.
Merci de m’y avoir attendu.
Nous voilà donc partis, Alexandre, Martial et moi-même à bicyclette sur les pentes martiennes.
Je suivais Alexandre dont l’arbuste attaché sur le porte-bagages du cycle accroissait un peu plus l’irréel de la situation.
Le chemin emprunté était beaucoup plus sinueux et accidenté que je ne l’avais supposé. Je prenais garde à ne pas me laisser emporter par le dénivelé. Heureusement au retour nous bénéficierons de sacoches vides.
Le sol était principalement constitué de sable gras, ocre, ainsi que de nombreux rochers émoussés, par autrefois le ravinement de l’eau et aujourd’hui l’érosion éolienne d’un vent martien périodique très important, baptisé par Alexandre Marstril, soufflant entre 150 et 250 km/h, qu’il faut bien entendu relativiser avec une atmosphère de 6 gr/cm²
M’interrogeant sur les possibles déboires de cette excursion, je leur demandai :
- Alexandre, qu’avez-vous prévu en cas de crevaison ?
- Le compresseur du pied droit est pourvu d’une sortie additionnelle diffusant un produit anti crevaison.
Je restais émerveillé devant tant de sécurité.
Lors d’une brève ligne droite, je levais furtivement les yeux vers ce ciel si clair à l’horizon alors qu’il était plus sombre en aplomb, (authentique) phénomène typiquement martien.
Malgré tout, mes attaches terriennes me titillaient et questionnai Alexandre :
- Dans quelle direction se situe la terre ?
S’aidant du soleil, il réfléchit. Pointant son doigt à 11 h :
- Par ici !
- Peut-on se diriger grâce à une boussole ?
- Non ! Mars n’a plus d’activité magnétique. Malgré son noyau toujours ferreux, elle ne bénéficie plus de protection contre les éruptions solaires comme la terre, ses couches géologiques s’étant refroidies et solidifiées.
La terra formation de Mars devra se terminer par une protection des rayons cosmiques à l’instar du bouclier terrestre.
- Je vous ai déjà parlé de ce bouclier qui doit son fonctionnement à du fer solide mobile dans du fer liquide, le principe de la plus simple dynamo.
Ici, la planète s’étant refroidie, les couches géologiques de fer se sont solidifiées. Ce mécanisme fonctionnait d’ailleurs à l’inverse de celui de la terre. La planète étant plus petite, la pression interne était inférieure à la nôtre et la graine de fer interne restait à l’état liquide alors que le manteau ferreux qui l’entourait était à l’état solide.
Le plateau vide à la main Pierre Olive apostrophe notre homme :
- Et vous père Uranus, bénéficiez-vous de protection contre les éruptions solaires dans votre scaphandre ?
- Oui, d’une protection statique par réfléchissement des rayons sur trois couches de matière réfléchissante métallique. En revanche la navette était pourvue d’une protection plus sophistiquée.
Elle émettait en permanence un champ magnétique de l’avant vers l’arrière repoussant ces rayons mortels.
Toujours est-il qu’à chaque sortie de la navette nous connaissions la météo solaire, les éruptions, via « radio Nasa »
Revenons si vous le voulez bien à notre petite excursion.
Alexandre m’expliquait donc le fonctionnement de cette planète. J’étais, il me semble, dans un état second et respirais à pleins poumons ce gaz issu de l’eau comme s’il provenait de cette planète rose aux effets encore inconnus et inattendus, dont le premier symptôme était l’euphorie due peut-être à un excès d’oxygène.
Après une descente d’environ 1 km pour un dénivelé d’au moins 200 mètres, nous arrivâmes au confluant de deux rivières. Alexandre nous indiqua :
-Nous allons planter Résistus ici. Il sera à l’abri du vent et du froid par la falaise et bénéficiera de l’ensoleillement idéal pour restituer plus tard notre oxygène.
Nous mîmes « pied à Mars » en appuyant nos VTT contre un rocher et munis de pelles entreprîmes le terrassement. Ce n’était guère ardu, à part quelques rochers, il n’y avait que ce sable onctueux.
Cela dit, forer un trou dans du sable nécessite de creuser beaucoup plus que nécessaire à cause des retombées.
De surcroit, il fallait également préparer à côté un autre trou plus profond pour enfouir les cubitainers et les recouvrir d’une épaisse couche d’agrégats, de façon à créer sur eux une pression suffisante et constante pour alimenter l’arbuste en eau à travers un cathéter réglable.
Cette eau, une fois arrivée aux racines se gazéifiera et humidifiera le terreau.
Le lit de Photus évidé, nous l’installâmes sur sa litière manufacturée dans l’espace que nous mélangeâmes au sable martien, histoire de l’habituer à la nourriture du pays.
L’eau s’écoulait et se gazéifiait parfaitement sous la pression du sable.
Photus Résistus avait l’air ravi !!!
Martial mit une dernière touche en le reliant au tuteur à l’aide d’un lien élastique.
De trois pas en arrière, nous admirâmes notre œuvre riche en conséquence pour l’avenir de cette planète et du système solaire qui disposera désormais de 2 planètes habitables pour l’homme.
- La réserve d’eau, me dit Martial, doit logiquement suffire pour 2 mois. Je reviendrai l’approvisionner, ce n’est qu’une expérience. S’il tient le coup, nous envisagerons un autre système d’arrosage.
Pierre Olive interpelle le père Uranus :
- Il doit falloir posséder une fibre jardiniesque hors du commun pour aller sur Mars arroser sa plantation. Rendez-vous compte du coût de l’opération ? ! ? !
- A part le temps passé, pas un Kopeck ne sera dilapidé. Le photon est gratuit à l’heure actuelle, mon p’tit Olive, si tu veux bien me laisser poursuivre……
Nous étions tous babas devant notre bébé Photus quand soudain se produisit un phénomène pourtant classique sur terre, qui néanmoins ici, restait surprenant bien que logique quand on songe au terrible Marstril : les feuilles bougeaient, frissonnaient, bruissaient, nous entendions le son de la brise dans le feuillage. C’était aussi beau qu’une musique douce !
- Nous avons bien travaillé, nous félicita Alexandre et méritons un bon bain dans cet océan calme et reposant. Je vous offre une balade en mer sur VTT sous d’anciens flots bleus, qu’en dites-vous ?
- OK !
- Et nous revoilà chevauchant nos bécanes, cette fois plus légères, descendant le confluent jusqu’à l’océan. Nous dévalions cet immense delta, zigzaguant entre les rochers, tout en admirant cette vaste étendue certainement recouverte d’un océan plus calme que les nôtres, si l’on tient compte de l’absence d’un satellite conséquent comme la Lune, ou alors plus agité si l’on évoque Marsipus et les vents martiens très violents à l’époque d’une atmosphère prépondérante.
Le relief devenait de plus en plus régulier, absent de rochers.
Une pointe de vitesse s’imposait.
Martial pédalant devant, s’époumona tout en freinant :
-Attention !! Ralentissez !!
Voyez cette cuvette ? C’est probablement un cratère de météorite !!
En effet, admiratifs du ciel martien, nous avons failli tomber dans ce petit cirque de 6 mètres de diamètre et 2 de profondeur.
Martial interrogea Alexandre :
- Crois-tu que la météorite soit au fond ?
- Ce n’est pas systématique. Il se peut qu’elle ait été détruite, brûlée par l’ancienne atmosphère de Mars avant d’atteindre le sol. Néanmoins son onde de choc a causé les mêmes dégâts, créant ce cratère.
Martial en éclaireur découvrit un passage à la déclivité plus faible.
- Suivez-moi…… Le sol est lisse et dur comme si le sable avait été cristallisé.
Alexandre : - Il serait intéressant de creuser un peu, nous avons les outils nécessaires.
Je regardais, ahuri, le fond de l’excavation. Empruntant les outils ayant servi à planter Résistus, nous nous mîmes à creuser comme des terrassiers avant l’arrivée de la pelle hydraulique.
Contrairement à son aspect, le sol était tendre et friable. Je redoublais d’ardeur, cette histoire de météorite m’intriguait.
Imaginez que l’on ramène de Mars un morceau d’une autre planète ! Jusqu’où cela s’arrêtera-il ? ! ?
Au bout de 10 minutes d’effort, avec ses 60 cm de profondeur, mon trou prenait de l’ampleur.
Alexandre et Martial dégageaient aussitôt les agrégats fragmentés par ma pioche.
Malgré la gêne du casque et de la combinaison, nous agissions instinctivement comme des chercheurs d’or reniflant le parfum fictif du métal jaune.
En réalité notre instinct ne nous trompait pas, un trésor était à notre portée. Les coups de pioches avaient sérieusement agrandi et approfondi l’orifice. Le sol en profondeur était toujours aussi meuble, composé de sable silicement gélifié, mélangé à quelques rochers.
Je m’attendais toujours à ce que le pic de ma pioche rebondisse sur une matière résistante voire métallique, quand soudain, j’entendis comme une fuite d’air.
Non ! Elle ne provenait pas des pneumatiques des VTT. Elle émanait bien de notre trou. Aurait-on découvert du gaz sur Mars ??? Brusquement le sable et les agrégats furent propulsés à un mètre de haut, élargissant l’orifice.
Alexandre : -Nous avons probablement crevé une poche d’eau comprimée par cet impact de météorite. Elle s’en échappe en se sublimant.
Cette vapeur d’eau se transformait aussitôt en givre. Il ne faisait pourtant pas froid.
C’était néanmoins logique ! Les gaz soumis à une dépression, à une détente, se refroidissaient instantanément.
La cavité, sous la contrainte de ce véritable geyser, s’agrandissait à vue d’œil, ce n’était plus un canon à neige mais un volcan neigeux.
Gardant son sang froid Martial se saisit d’un flacon à échantillons et le remplit de ce gaz givré.
- Ne restons pas ici ! cria Alexandre, couvrant le bruit de plus en plus assourdissant de cette source verticale inattendue.
- Plions bagages, le sol tout entier va finir par céder car les roches commencent à se détacher.
Dire que les analystes de Mars supposent son sous-sol complètement asséché à l’équateur.
Allez, vite, déguerpissons, il y a certainement danger à prolonger notre présence.
Au passage, je ramassai en souvenir un caillou triangulaire d’une dizaine de centimètres, à la
surface granuleuse, puis nous enfourchâmes nos chevaux à 2 roues et pédalâmes un maximum
vers la falaise. Sur le chemin du retour, petite halte devant notre bébé feuillu.
De là, notre œuf et la sonde étaient bien visibles. Une idée derrière la tête, Martial nous dit :
- La caméra rebranchée pourrait filmer cet arbuste.
- Le geyser également, qui plus est en gros plan avec images à haute définition.
- Une envie me démange d’effectuer un gag martien. Abandonnons l’un des vélos contre ce rocher visible d’en haut.
Les premières images de Mars transmises à la NASA seront celles d’un arbuste tuteuré et d’un vélo abandonné sur fond de fontaine vénitienne.
- Pas mal, lui dis-je, je suis volontaire pour pédaler à deux sur un engin.
- Laissez ! Martial est en pleine force de l’âge.
Je me demande si à Houston ils oseront publier ces clichés car ils démontrent une mystification, un piratage de leurs communications. Ils mettront un certain temps à analyser les photos et n’oseront même pas imaginer la réalité.
Aussitôt dit, aussitôt fait et je grimpai sur le porte bagage derrière Martial, délaissant mon véhicule contre un monticule.
Une baguette de pain, un béret et un litron de rouge délaissés avec le vélo aurait été la cerise sur ce gag et la signature française plus évidente.
Dans les parties les plus abruptes du chemin, j’aidais Martial avec mes pieds et finissais par transpirer.
A l’affut du moindre malaise, Alexandre m’indiqua :
- Augmentez la pression intérieure préréglée en tournant vers la droite la molette du détendeur située sur la chaussure droite, vous vous sentirez mieux et cela augmentera d’autant l’absorption de vapeur.
Chose étrange, mes gouttes de sueur tombaient à l’extérieur du casque !! C’est ce que je crus un moment, mais la réalité était plus simple : il pleuvait ! Il pleuvait sur Mars !!!
Arrivés en haut de la falaise, Alexandre mouillé, réfléchit :
- Il y a une logique à cela. Nous avions une pression atmosphérique d’environ 6,5 gr/cm².
Revenons à notre exploit : dans un premier temps l’eau comprimée dans les roches se libère, jaillit du sol et se sublime par manque de pression puis se transforme en givre sous l’effet de détente mais ce givre, sous une température positive, redevient vapeur d’eau. Or l’eau continue de jaillir de plus en plus, alourdissant par le fait l’atmosphère.
Non seulement l’atmosphère va dépasser le seuil critique de 7gr/cm² mais également être saturée en eau. Qu’arrive-t-il aux masses d’air saturées d’eau ? Elles se transforment souvent en pluie.
D’un coup de pioche vous avez fait pleuvoir sur Mars. La caméra de Mars Polar Lander aurait été en fonction, nous aurions été à la une de tous les canards de l’oncle SAM.
- Que va-t’il se passer maintenant ? Lui demandai-je.
- La poche d’eau va continuer à se vider si elle bénéficie toujours de la pression des roches ou du poids de ce sable, sinon elle se tarira tout simplement parce qu’elle ne pourra plus se sublimer, l’atmosphère ayant augmentée. Il faudra alors la pomper comme chez nous. Cela dit la pression locale favorisera momentanément la pluie. C’est heureux pour notre bébé planté d’une façon chronologique parfaite. Ce coup de pioche est un coup de maître qui permettra de réduire considérablement le temps de terra formation.
Le public scotché à cette terra formation en oublie de consommer. Ce n’est pas le cas du père Uranus qui repose ses notes et lève sa chope.
- Aller Maurice, au travail !
Ces consommateurs spectateurs ont véritablement besoin de souffler afin d’assimiler cette odyssée.
Maurice a finement anticipé en proposant des viennoiseries du boulanger voisin. C’est donc un authentique buffet garni qui s’installe car la charcutaille du coin n’est pas loin. Jambon et saucisson de la Montagne Noire accompagne le croissant et la cervoise.
Le public rassasié, le père Uranus poursuit :
- Bien…. Nous nous préparions à partir. Martial installa les deux VTT dans la soute et nous dit :
- Il ne me reste qu’à rebrancher l’antenne de la sonde à l’aide d’un retardateur.
Trois minutes suffisent pour l’opération et la sonde pourra émettre vers la Terre après notre départ.
Hélas, nous l’apprendrons plus tard, cette sonde n’a jamais émis. Plusieurs fois activée et réactivée de la Terre, elle resta désespérément muette.
Aujourd’hui, nous nous sentons responsables. Alexandre Fortin a promis de dédommager la NASA grâce à l’une de ses « applications » et quand on connait la valeur de ces « applications », cette compagnie sera largement dédommagée.
Bien, revenons sur Mars.
Après cette phénoménale balade, il était bon de retrouver sa chariote métallique.
Pour la première fois, nous nous aidâmes à ôter nos combinaisons mouillées.
- Dans deux ou trois mois, nous expliqua Alexandre, nous reviendrons approvisionner l’arbuste en eau et si rien de grave ne lui est arrivé, nous pourrons alors envisager une plantation irriguée à grande échelle grâce à cette nappe et l’échange gaz carbonique/oxygène sera alors amorcé.
Néanmoins je n’envisageais pas cette chronologie d’interventions et préférais d’abord construire de bonnes fondations à cette planète : remplacer son satellite initial « Marsipus » par un système équivalent au maintien de son axe sur son plan d’orbite.
Ce que m’expliqua par la suite Alexandre reste et restera pour longtemps inouï.
Permettez dit le père Uranus en levant sa chope, je prends des forces et je vous engage à faire de même, l’information passera mieux.
Le public abreuvé, le père poursuit :
- Oui….. J’ai presque honte de vous rapporter ces propos, or….
Pierre Olive : - Allez-y, père Uranus, au point où vous en êtes…..
- Oui, tu as raison…. Bien….
Alexandre, tenez-vous bien, projetait de redresser Mars de 1 à 2 degrés sur son plan d’orbite, actuellement de 24°50, de façon à avoir moins d’écart de température entre l’été et l’hiver.
Pierre Olive, en bon breton :
- Avec un cabestan ???!!!
- Non ! Ni avec un treuil !
Il envisageait simplement de positionner aux deux pôles d’immenses lentilles ferrites ancrées dans le sol, dirigées vers le soleil, qu’il aurait alimentées en électricité pendant les hivers de chaque hémisphère. Etant donné la faible alimentation en énergie sur ces lentilles, le phénomène n’aurait eu aucune incidence sur le rapprochement de Mars avec le soleil mais au contraire sur le redressement de son axe sur son plan d’orbite.
A cet instant un auditeur du fond de la salle, prof à l’université d’à côté, interrompt notre homme :
- Veuillez m’excuser mais le phénomène décrit enclenche automatiquement le mécanisme de précession, un mouvement conique de l’axe !
- En effet ! Pour éviter cette précession Alexandre envisageait également d’implanter d’autres lentilles dirigées vers d’autres astres, de façon à corriger ce mouvement.
Pierre Olive : - Je me suis toujours demandé ce que signifiait réellement « lentilles de correction », aujourd’hui je comprends. Mais de là à bouger une masse de 6 x 1020 tonnes sans support ni levier, c’est un tour de force !
- Notre cerveau est supérieur à nos biceps pour accomplir des tâches réputées irréalisables.
- Effectivement. Au fait si l’on prolonge cette théorie de correction d’inclinaison, en forçant un peu sur l’alimentation en photons, nous arriverions fatalement à un changement d’orbite et pourquoi pas à transformer la planète toute entière en vaisseau spatial, tel votre œuf évoluant à sa guise dans tout l’univers. Fini les sondes spatiales, les navettes, les orbiters.
Nous souhaitons examiner de près le système planétaire des Sœurs Sirius, allons-y, non pas en module, mais avec la Terre toute entière, restant bien au chaud chez soi, les pieds rôtis par un feu de bois !
- Tu as absolument raison, en théorie c’est inattaquable, en revanche irréalisable.
- Ah ! Pourquoi ?
- Les lentilles ne tiendraient pas la charge. Rends-toi compte des fores nécessaires à déplacer de telles masses, la céramique se briserait, exploserait. De telles quantités de matière à déplacer ne peuvent être comparées à la masse d’un véhicule spatial.
- Alexandre Fortin envisageait bien de « remuer » Mars ?
- Oui, mais de façon progressive, en pratiquant par petites étapes, avec un procédé étalé sur plusieurs années martiennes.
- Il supposait bien la capture de la lune et sa mise en orbite autour de la Terre par une entité quelconque ! Leur prêtait-il un système de déplacement analogue ?
- Certainement, mais laissez faire le temps et évoluer les techniques :
Pour l’instant le déplacement des planètes n’est pas à l’ordre du jour !
Bien, revenons sur Mars. Une fois cette planète redressée, les lentilles polaires resteraient en sommeil prêtes à corriger une nouvelle inclinaison de l’axe martien.
Tu as raison, Pierre Olive, en parlant de lentilles de correction !
Le temps qu’Alexandre s’installe aux commandes et choisisse une direction bien précise dans l’univers, j’examinais la pierre recueillie lors de notre forage.
Pierre Olive, soucieux de la contamination bactérienne :
- Avez-vous mis les objets récoltés en quarantaine ?
- Non, Alexandre avait posé le pour et le contre. Il estimait que si des bactéries inconnues avaient pu résister à de telles températures bombardées par les rayons de tout l’alphabet pendant des millions d’années, elles pouvaient bien rester inertes et passer inaperçues pendant plusieurs décennies.
La quarantaine ne servirait pas à grand-chose. « Nous sommes des pionniers » disait-il, « nous prenons fatalement des risques. A l’inverse, nous apportons également des germes sur les astres visités, néanmoins je ne pense pas qu’ils résistent longtemps à la visite. »
Si Pierre Olive veut bien me laisser poursuivre…….
Martial me dénicha une loupe et je pus examiner ma trouvaille. L’une des faces de cette roche, probablement celle en contact avec l’eau ou l’humidité, était constellée de minuscules stalactites.
Voyant cela, Martial m’apporta quelques outils et un microscope. Je pus détacher quelques stalactites que je fracturai et les exposai sous les lentilles du microscope.
Dans le doute, je fis appel à Alexandre Fortin qui confirma ma première impression.
C’était bien des Mycéliums primaires, autrement dit des champignons. Les gangues qui les enfermaient, les fameuses stalactites, étaient tout simplement des spores les protégeant.
Un murmure du public.
- Il y a donc de la vie sur Mars ?
- Oui ! Ou un vestige de vie, car les champignons sont ainsi conçus qu’ils savent parfaitement se protéger contre les attaques microbiennes, chimiques et atomiques. Leurs spores permettent de conserver la vie à l’abri durant des cataclysmes planétaires. C’était peut-être l’unique témoignage d’une ancienne vie martienne. Martial enferma ensuite cette inestimable pierre dans un placard contenant, à l’égal d’un coffre-fort, ce qu’il y a de plus précieux dans l’espace pour un terrien :
Les épices ! Poivre, sel, ail, noix de muscade, thym, romarin, ciboulette et toutes sortes de plantes aromatiques indispensables à l’homme en balade dans l’univers.
Voilà, mes chers amis comment s’est terminée cette escapade martienne : par la découverte
de la vie sur Mars !!!
HISTOIRES DU PERE URANUS
XXIV EPISODE
OUI ! DE LA VIE SUR MARS
Toulouse – Lundi – 17h
- Mes chers amis, Vendredi je vous ai lâchement abandonnés sur une falaise de Mars.
Merci de m’y avoir attendu.
Nous voilà donc partis, Alexandre, Martial et moi-même à bicyclette sur les pentes martiennes.
Je suivais Alexandre dont l’arbuste attaché sur le porte-bagages du cycle accroissait un peu plus l’irréel de la situation.
Le chemin emprunté était beaucoup plus sinueux et accidenté que je ne l’avais supposé. Je prenais garde à ne pas me laisser emporter par le dénivelé. Heureusement au retour nous bénéficierons de sacoches vides.
Le sol était principalement constitué de sable gras, ocre, ainsi que de nombreux rochers émoussés, par autrefois le ravinement de l’eau et aujourd’hui l’érosion éolienne d’un vent martien périodique très important, baptisé par Alexandre Marstril, soufflant entre 150 et 250 km/h, qu’il faut bien entendu relativiser avec une atmosphère de 6 gr/cm²
M’interrogeant sur les possibles déboires de cette excursion, je leur demandai :
- Alexandre, qu’avez-vous prévu en cas de crevaison ?
- Le compresseur du pied droit est pourvu d’une sortie additionnelle diffusant un produit anti crevaison.
Je restais émerveillé devant tant de sécurité.
Lors d’une brève ligne droite, je levais furtivement les yeux vers ce ciel si clair à l’horizon alors qu’il était plus sombre en aplomb, (authentique) phénomène typiquement martien.
Malgré tout, mes attaches terriennes me titillaient et questionnai Alexandre :
- Dans quelle direction se situe la terre ?
S’aidant du soleil, il réfléchit. Pointant son doigt à 11 h :
- Par ici !
- Peut-on se diriger grâce à une boussole ?
- Non ! Mars n’a plus d’activité magnétique. Malgré son noyau toujours ferreux, elle ne bénéficie plus de protection contre les éruptions solaires comme la terre, ses couches géologiques s’étant refroidies et solidifiées.
La terra formation de Mars devra se terminer par une protection des rayons cosmiques à l’instar du bouclier terrestre.
- Je vous ai déjà parlé de ce bouclier qui doit son fonctionnement à du fer solide mobile dans du fer liquide, le principe de la plus simple dynamo.
Ici, la planète s’étant refroidie, les couches géologiques de fer se sont solidifiées. Ce mécanisme fonctionnait d’ailleurs à l’inverse de celui de la terre. La planète étant plus petite, la pression interne était inférieure à la nôtre et la graine de fer interne restait à l’état liquide alors que le manteau ferreux qui l’entourait était à l’état solide.
Le plateau vide à la main Pierre Olive apostrophe notre homme :
- Et vous père Uranus, bénéficiez-vous de protection contre les éruptions solaires dans votre scaphandre ?
- Oui, d’une protection statique par réfléchissement des rayons sur trois couches de matière réfléchissante métallique. En revanche la navette était pourvue d’une protection plus sophistiquée.
Elle émettait en permanence un champ magnétique de l’avant vers l’arrière repoussant ces rayons mortels.
Toujours est-il qu’à chaque sortie de la navette nous connaissions la météo solaire, les éruptions, via « radio Nasa »
Revenons si vous le voulez bien à notre petite excursion.
Alexandre m’expliquait donc le fonctionnement de cette planète. J’étais, il me semble, dans un état second et respirais à pleins poumons ce gaz issu de l’eau comme s’il provenait de cette planète rose aux effets encore inconnus et inattendus, dont le premier symptôme était l’euphorie due peut-être à un excès d’oxygène.
Après une descente d’environ 1 km pour un dénivelé d’au moins 200 mètres, nous arrivâmes au confluant de deux rivières. Alexandre nous indiqua :
-Nous allons planter Résistus ici. Il sera à l’abri du vent et du froid par la falaise et bénéficiera de l’ensoleillement idéal pour restituer plus tard notre oxygène.
Nous mîmes « pied à Mars » en appuyant nos VTT contre un rocher et munis de pelles entreprîmes le terrassement. Ce n’était guère ardu, à part quelques rochers, il n’y avait que ce sable onctueux.
Cela dit, forer un trou dans du sable nécessite de creuser beaucoup plus que nécessaire à cause des retombées.
De surcroit, il fallait également préparer à côté un autre trou plus profond pour enfouir les cubitainers et les recouvrir d’une épaisse couche d’agrégats, de façon à créer sur eux une pression suffisante et constante pour alimenter l’arbuste en eau à travers un cathéter réglable.
Cette eau, une fois arrivée aux racines se gazéifiera et humidifiera le terreau.
Le lit de Photus évidé, nous l’installâmes sur sa litière manufacturée dans l’espace que nous mélangeâmes au sable martien, histoire de l’habituer à la nourriture du pays.
L’eau s’écoulait et se gazéifiait parfaitement sous la pression du sable.
Photus Résistus avait l’air ravi !!!
Martial mit une dernière touche en le reliant au tuteur à l’aide d’un lien élastique.
De trois pas en arrière, nous admirâmes notre œuvre riche en conséquence pour l’avenir de cette planète et du système solaire qui disposera désormais de 2 planètes habitables pour l’homme.
- La réserve d’eau, me dit Martial, doit logiquement suffire pour 2 mois. Je reviendrai l’approvisionner, ce n’est qu’une expérience. S’il tient le coup, nous envisagerons un autre système d’arrosage.
Pierre Olive interpelle le père Uranus :
- Il doit falloir posséder une fibre jardiniesque hors du commun pour aller sur Mars arroser sa plantation. Rendez-vous compte du coût de l’opération ? ! ? !
- A part le temps passé, pas un Kopeck ne sera dilapidé. Le photon est gratuit à l’heure actuelle, mon p’tit Olive, si tu veux bien me laisser poursuivre……
Nous étions tous babas devant notre bébé Photus quand soudain se produisit un phénomène pourtant classique sur terre, qui néanmoins ici, restait surprenant bien que logique quand on songe au terrible Marstril : les feuilles bougeaient, frissonnaient, bruissaient, nous entendions le son de la brise dans le feuillage. C’était aussi beau qu’une musique douce !
- Nous avons bien travaillé, nous félicita Alexandre et méritons un bon bain dans cet océan calme et reposant. Je vous offre une balade en mer sur VTT sous d’anciens flots bleus, qu’en dites-vous ?
- OK !
- Et nous revoilà chevauchant nos bécanes, cette fois plus légères, descendant le confluent jusqu’à l’océan. Nous dévalions cet immense delta, zigzaguant entre les rochers, tout en admirant cette vaste étendue certainement recouverte d’un océan plus calme que les nôtres, si l’on tient compte de l’absence d’un satellite conséquent comme la Lune, ou alors plus agité si l’on évoque Marsipus et les vents martiens très violents à l’époque d’une atmosphère prépondérante.
Le relief devenait de plus en plus régulier, absent de rochers.
Une pointe de vitesse s’imposait.
Martial pédalant devant, s’époumona tout en freinant :
-Attention !! Ralentissez !!
Voyez cette cuvette ? C’est probablement un cratère de météorite !!
En effet, admiratifs du ciel martien, nous avons failli tomber dans ce petit cirque de 6 mètres de diamètre et 2 de profondeur.
Martial interrogea Alexandre :
- Crois-tu que la météorite soit au fond ?
- Ce n’est pas systématique. Il se peut qu’elle ait été détruite, brûlée par l’ancienne atmosphère de Mars avant d’atteindre le sol. Néanmoins son onde de choc a causé les mêmes dégâts, créant ce cratère.
Martial en éclaireur découvrit un passage à la déclivité plus faible.
- Suivez-moi…… Le sol est lisse et dur comme si le sable avait été cristallisé.
Alexandre : - Il serait intéressant de creuser un peu, nous avons les outils nécessaires.
Je regardais, ahuri, le fond de l’excavation. Empruntant les outils ayant servi à planter Résistus, nous nous mîmes à creuser comme des terrassiers avant l’arrivée de la pelle hydraulique.
Contrairement à son aspect, le sol était tendre et friable. Je redoublais d’ardeur, cette histoire de météorite m’intriguait.
Imaginez que l’on ramène de Mars un morceau d’une autre planète ! Jusqu’où cela s’arrêtera-il ? ! ?
Au bout de 10 minutes d’effort, avec ses 60 cm de profondeur, mon trou prenait de l’ampleur.
Alexandre et Martial dégageaient aussitôt les agrégats fragmentés par ma pioche.
Malgré la gêne du casque et de la combinaison, nous agissions instinctivement comme des chercheurs d’or reniflant le parfum fictif du métal jaune.
En réalité notre instinct ne nous trompait pas, un trésor était à notre portée. Les coups de pioches avaient sérieusement agrandi et approfondi l’orifice. Le sol en profondeur était toujours aussi meuble, composé de sable silicement gélifié, mélangé à quelques rochers.
Je m’attendais toujours à ce que le pic de ma pioche rebondisse sur une matière résistante voire métallique, quand soudain, j’entendis comme une fuite d’air.
Non ! Elle ne provenait pas des pneumatiques des VTT. Elle émanait bien de notre trou. Aurait-on découvert du gaz sur Mars ??? Brusquement le sable et les agrégats furent propulsés à un mètre de haut, élargissant l’orifice.
Alexandre : -Nous avons probablement crevé une poche d’eau comprimée par cet impact de météorite. Elle s’en échappe en se sublimant.
Cette vapeur d’eau se transformait aussitôt en givre. Il ne faisait pourtant pas froid.
C’était néanmoins logique ! Les gaz soumis à une dépression, à une détente, se refroidissaient instantanément.
La cavité, sous la contrainte de ce véritable geyser, s’agrandissait à vue d’œil, ce n’était plus un canon à neige mais un volcan neigeux.
Gardant son sang froid Martial se saisit d’un flacon à échantillons et le remplit de ce gaz givré.
- Ne restons pas ici ! cria Alexandre, couvrant le bruit de plus en plus assourdissant de cette source verticale inattendue.
- Plions bagages, le sol tout entier va finir par céder car les roches commencent à se détacher.
Dire que les analystes de Mars supposent son sous-sol complètement asséché à l’équateur.
Allez, vite, déguerpissons, il y a certainement danger à prolonger notre présence.
Au passage, je ramassai en souvenir un caillou triangulaire d’une dizaine de centimètres, à la
surface granuleuse, puis nous enfourchâmes nos chevaux à 2 roues et pédalâmes un maximum
vers la falaise. Sur le chemin du retour, petite halte devant notre bébé feuillu.
De là, notre œuf et la sonde étaient bien visibles. Une idée derrière la tête, Martial nous dit :
- La caméra rebranchée pourrait filmer cet arbuste.
- Le geyser également, qui plus est en gros plan avec images à haute définition.
- Une envie me démange d’effectuer un gag martien. Abandonnons l’un des vélos contre ce rocher visible d’en haut.
Les premières images de Mars transmises à la NASA seront celles d’un arbuste tuteuré et d’un vélo abandonné sur fond de fontaine vénitienne.
- Pas mal, lui dis-je, je suis volontaire pour pédaler à deux sur un engin.
- Laissez ! Martial est en pleine force de l’âge.
Je me demande si à Houston ils oseront publier ces clichés car ils démontrent une mystification, un piratage de leurs communications. Ils mettront un certain temps à analyser les photos et n’oseront même pas imaginer la réalité.
Aussitôt dit, aussitôt fait et je grimpai sur le porte bagage derrière Martial, délaissant mon véhicule contre un monticule.
Une baguette de pain, un béret et un litron de rouge délaissés avec le vélo aurait été la cerise sur ce gag et la signature française plus évidente.
Dans les parties les plus abruptes du chemin, j’aidais Martial avec mes pieds et finissais par transpirer.
A l’affut du moindre malaise, Alexandre m’indiqua :
- Augmentez la pression intérieure préréglée en tournant vers la droite la molette du détendeur située sur la chaussure droite, vous vous sentirez mieux et cela augmentera d’autant l’absorption de vapeur.
Chose étrange, mes gouttes de sueur tombaient à l’extérieur du casque !! C’est ce que je crus un moment, mais la réalité était plus simple : il pleuvait ! Il pleuvait sur Mars !!!
Arrivés en haut de la falaise, Alexandre mouillé, réfléchit :
- Il y a une logique à cela. Nous avions une pression atmosphérique d’environ 6,5 gr/cm².
Revenons à notre exploit : dans un premier temps l’eau comprimée dans les roches se libère, jaillit du sol et se sublime par manque de pression puis se transforme en givre sous l’effet de détente mais ce givre, sous une température positive, redevient vapeur d’eau. Or l’eau continue de jaillir de plus en plus, alourdissant par le fait l’atmosphère.
Non seulement l’atmosphère va dépasser le seuil critique de 7gr/cm² mais également être saturée en eau. Qu’arrive-t-il aux masses d’air saturées d’eau ? Elles se transforment souvent en pluie.
D’un coup de pioche vous avez fait pleuvoir sur Mars. La caméra de Mars Polar Lander aurait été en fonction, nous aurions été à la une de tous les canards de l’oncle SAM.
- Que va-t’il se passer maintenant ? Lui demandai-je.
- La poche d’eau va continuer à se vider si elle bénéficie toujours de la pression des roches ou du poids de ce sable, sinon elle se tarira tout simplement parce qu’elle ne pourra plus se sublimer, l’atmosphère ayant augmentée. Il faudra alors la pomper comme chez nous. Cela dit la pression locale favorisera momentanément la pluie. C’est heureux pour notre bébé planté d’une façon chronologique parfaite. Ce coup de pioche est un coup de maître qui permettra de réduire considérablement le temps de terra formation.
Le public scotché à cette terra formation en oublie de consommer. Ce n’est pas le cas du père Uranus qui repose ses notes et lève sa chope.
- Aller Maurice, au travail !
Ces consommateurs spectateurs ont véritablement besoin de souffler afin d’assimiler cette odyssée.
Maurice a finement anticipé en proposant des viennoiseries du boulanger voisin. C’est donc un authentique buffet garni qui s’installe car la charcutaille du coin n’est pas loin. Jambon et saucisson de la Montagne Noire accompagne le croissant et la cervoise.
Le public rassasié, le père Uranus poursuit :
- Bien…. Nous nous préparions à partir. Martial installa les deux VTT dans la soute et nous dit :
- Il ne me reste qu’à rebrancher l’antenne de la sonde à l’aide d’un retardateur.
Trois minutes suffisent pour l’opération et la sonde pourra émettre vers la Terre après notre départ.
Hélas, nous l’apprendrons plus tard, cette sonde n’a jamais émis. Plusieurs fois activée et réactivée de la Terre, elle resta désespérément muette.
Aujourd’hui, nous nous sentons responsables. Alexandre Fortin a promis de dédommager la NASA grâce à l’une de ses « applications » et quand on connait la valeur de ces « applications », cette compagnie sera largement dédommagée.
Bien, revenons sur Mars.
Après cette phénoménale balade, il était bon de retrouver sa chariote métallique.
Pour la première fois, nous nous aidâmes à ôter nos combinaisons mouillées.
- Dans deux ou trois mois, nous expliqua Alexandre, nous reviendrons approvisionner l’arbuste en eau et si rien de grave ne lui est arrivé, nous pourrons alors envisager une plantation irriguée à grande échelle grâce à cette nappe et l’échange gaz carbonique/oxygène sera alors amorcé.
Néanmoins je n’envisageais pas cette chronologie d’interventions et préférais d’abord construire de bonnes fondations à cette planète : remplacer son satellite initial « Marsipus » par un système équivalent au maintien de son axe sur son plan d’orbite.
Ce que m’expliqua par la suite Alexandre reste et restera pour longtemps inouï.
Permettez dit le père Uranus en levant sa chope, je prends des forces et je vous engage à faire de même, l’information passera mieux.
Le public abreuvé, le père poursuit :
- Oui….. J’ai presque honte de vous rapporter ces propos, or….
Pierre Olive : - Allez-y, père Uranus, au point où vous en êtes…..
- Oui, tu as raison…. Bien….
Alexandre, tenez-vous bien, projetait de redresser Mars de 1 à 2 degrés sur son plan d’orbite, actuellement de 24°50, de façon à avoir moins d’écart de température entre l’été et l’hiver.
Pierre Olive, en bon breton :
- Avec un cabestan ???!!!
- Non ! Ni avec un treuil !
Il envisageait simplement de positionner aux deux pôles d’immenses lentilles ferrites ancrées dans le sol, dirigées vers le soleil, qu’il aurait alimentées en électricité pendant les hivers de chaque hémisphère. Etant donné la faible alimentation en énergie sur ces lentilles, le phénomène n’aurait eu aucune incidence sur le rapprochement de Mars avec le soleil mais au contraire sur le redressement de son axe sur son plan d’orbite.
A cet instant un auditeur du fond de la salle, prof à l’université d’à côté, interrompt notre homme :
- Veuillez m’excuser mais le phénomène décrit enclenche automatiquement le mécanisme de précession, un mouvement conique de l’axe !
- En effet ! Pour éviter cette précession Alexandre envisageait également d’implanter d’autres lentilles dirigées vers d’autres astres, de façon à corriger ce mouvement.
Pierre Olive : - Je me suis toujours demandé ce que signifiait réellement « lentilles de correction », aujourd’hui je comprends. Mais de là à bouger une masse de 6 x 1020 tonnes sans support ni levier, c’est un tour de force !
- Notre cerveau est supérieur à nos biceps pour accomplir des tâches réputées irréalisables.
- Effectivement. Au fait si l’on prolonge cette théorie de correction d’inclinaison, en forçant un peu sur l’alimentation en photons, nous arriverions fatalement à un changement d’orbite et pourquoi pas à transformer la planète toute entière en vaisseau spatial, tel votre œuf évoluant à sa guise dans tout l’univers. Fini les sondes spatiales, les navettes, les orbiters.
Nous souhaitons examiner de près le système planétaire des Sœurs Sirius, allons-y, non pas en module, mais avec la Terre toute entière, restant bien au chaud chez soi, les pieds rôtis par un feu de bois !
- Tu as absolument raison, en théorie c’est inattaquable, en revanche irréalisable.
- Ah ! Pourquoi ?
- Les lentilles ne tiendraient pas la charge. Rends-toi compte des fores nécessaires à déplacer de telles masses, la céramique se briserait, exploserait. De telles quantités de matière à déplacer ne peuvent être comparées à la masse d’un véhicule spatial.
- Alexandre Fortin envisageait bien de « remuer » Mars ?
- Oui, mais de façon progressive, en pratiquant par petites étapes, avec un procédé étalé sur plusieurs années martiennes.
- Il supposait bien la capture de la lune et sa mise en orbite autour de la Terre par une entité quelconque ! Leur prêtait-il un système de déplacement analogue ?
- Certainement, mais laissez faire le temps et évoluer les techniques :
Pour l’instant le déplacement des planètes n’est pas à l’ordre du jour !
Bien, revenons sur Mars. Une fois cette planète redressée, les lentilles polaires resteraient en sommeil prêtes à corriger une nouvelle inclinaison de l’axe martien.
Tu as raison, Pierre Olive, en parlant de lentilles de correction !
Le temps qu’Alexandre s’installe aux commandes et choisisse une direction bien précise dans l’univers, j’examinais la pierre recueillie lors de notre forage.
Pierre Olive, soucieux de la contamination bactérienne :
- Avez-vous mis les objets récoltés en quarantaine ?
- Non, Alexandre avait posé le pour et le contre. Il estimait que si des bactéries inconnues avaient pu résister à de telles températures bombardées par les rayons de tout l’alphabet pendant des millions d’années, elles pouvaient bien rester inertes et passer inaperçues pendant plusieurs décennies.
La quarantaine ne servirait pas à grand-chose. « Nous sommes des pionniers » disait-il, « nous prenons fatalement des risques. A l’inverse, nous apportons également des germes sur les astres visités, néanmoins je ne pense pas qu’ils résistent longtemps à la visite. »
Si Pierre Olive veut bien me laisser poursuivre…….
Martial me dénicha une loupe et je pus examiner ma trouvaille. L’une des faces de cette roche, probablement celle en contact avec l’eau ou l’humidité, était constellée de minuscules stalactites.
Voyant cela, Martial m’apporta quelques outils et un microscope. Je pus détacher quelques stalactites que je fracturai et les exposai sous les lentilles du microscope.
Dans le doute, je fis appel à Alexandre Fortin qui confirma ma première impression.
C’était bien des Mycéliums primaires, autrement dit des champignons. Les gangues qui les enfermaient, les fameuses stalactites, étaient tout simplement des spores les protégeant.
Un murmure du public.
- Il y a donc de la vie sur Mars ?
- Oui ! Ou un vestige de vie, car les champignons sont ainsi conçus qu’ils savent parfaitement se protéger contre les attaques microbiennes, chimiques et atomiques. Leurs spores permettent de conserver la vie à l’abri durant des cataclysmes planétaires. C’était peut-être l’unique témoignage d’une ancienne vie martienne. Martial enferma ensuite cette inestimable pierre dans un placard contenant, à l’égal d’un coffre-fort, ce qu’il y a de plus précieux dans l’espace pour un terrien :
Les épices ! Poivre, sel, ail, noix de muscade, thym, romarin, ciboulette et toutes sortes de plantes aromatiques indispensables à l’homme en balade dans l’univers.
Voilà, mes chers amis comment s’est terminée cette escapade martienne : par la découverte
de la vie sur Mars !!!